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Cri du coeur de Ressources jeunesse de Saint-Laurent

Sebastien Lanouette
Ressources jeunesse de Saint-Laurent fait office de transition pour des jeunes qui sortent du système de la Direction de la protection de la jeunesse. Photo: Métro Média/Laurent Lavoie

L’équipe de Ressources jeunesse de Saint-Laurent (RJSL) est inquiète. Les appels d’aide de sa clientèle se font plus rares depuis le début de la pandémie, tout comme les fonds qui lui permettent de fonctionner adéquatement pour aider les jeunes sans-abris.

«On a eu moins de demandes qu’à l’habitude, ce qui n’est pas une bonne nouvelle», dit d’entrée de jeu le directeur général de RJSL, Sébastien Lanouette. Il estime qu’il est toutefois trop tôt pour voir les réels impacts de la pandémie en matière d’habitation.

Plusieurs organismes comme RJSL ont dû restreindre aussi leurs services dernièrement. Des chambres pour deux personnes ont, par exemple, été partiellement fermées pour limiter les risques de propagation du virus. Le lit de dépannage ne peut aussi être utilisé en raison du contexte actuel.

«On n’a pas les ressources nécessaires pour gérer les jeunes en difficulté si en plus on avait une éclosion de COVID. On manque de personnel constamment. Ça se pourrait qu’on ait à fermer et qu’on renvoie des jeunes à la rue», soutient le directeur général.

Les personnes en situation d’itinérance cachée voient effectivement leurs options limitées, convient l’agente de développement social à l’arrondissement Saint-Laurent, Lise Lacombe. «Avec le confinement, on ne va pas accepter nécessairement des personnes qui vont entrer dans notre milieu de vie», souligne-t-elle. Sur le terrain, Mme Lacombe n’a toutefois pas constaté de recrudescence de cas dans les derniers mois.

L’agente peine toutefois à déterminer pourquoi les jeunes ont moins fait appel à RJSL. «Ce qui pourrait expliquer ça, c’est les CIUSSS qui ont eu des mandats accrus pour les besoins populationnels. Je sais qu’ils font un peu plus de reaching out [approche directe au citoyen] et qu’ils vont en dehors de leur balise normale. Peut-être que le réseau a réussi à prendre en mains des situations qui passeraient en dehors du filet», estime Mme Lacombe.

Sous financement

Les prochaines semaines et mois à venir seront cruciaux pour RJSL. Durant la pandémie, l’organisme a reçu environ 100 000$ de différentes fondations et du gouvernement du Québec. L’arrondissement Saint-Laurent a pour sa part remis plus 13 000$ provenant de ses fonds d’urgence.

Cela a mené à l’embauche de quatre personnes et l’augmentation des heures des employés à temps partiel. «Ça nous a permis de doubler nos quarts de travail et ainsi de ne pas nous ramasser dans une situation où quelqu’un ne peut pas rentrer s’il a des symptômes et qu’il n’y a personne pour le remplacer», explique Sébastien Lanouette.

«Tout mon personnel supplémentaire s’en va à la fin du mois d’août avec la rentrée scolaire parce que je n’ai plus d’argent pour les payer.» -Sébastien Lanouette, directeur général de Ressources jeunesse de Saint-Laurent

Mais les 100 000$ reçus par RJSL ont tous déjà été dépensés. Pour fonctionner adéquatement dans le contexte actuel, l’organisme estimait avoir besoin de près de 40 000$ supplémentaires par mois depuis mars, soit le début de la pandémie.

«On est déjà énormément sous-financé. À Saint-Laurent, c’est une des places où l’on finance le moins bien le milieu communautaire en général», indique Sébastien Lanouette.

Selon le profil sociodémographique de 2016 de la Ville de Montréal, 16,6% de la population laurentienne se trouvait dans une situation de faible revenu.

Lexique

Le concept d’itinérance cachée s’applique lorsqu’une personne n’a pas de domicile fixe et circule d’un toit vers un autre, chez des amis ou d’autres membres de la famille, par exemple.

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