«Affamée du Nord»: porter un nouveau regard sur la culture inuite
Parfois dans l’angle mort du public, la réalité du Nord-du-Québec devrait être davantage sous les projecteurs, estime l’autrice laurentienne Diane Groulx. Celle qui est une descendante des Dos blancs – surnom donné à ceux qui cultivaient autrefois les terres de Saint-Laurent – a publié sa 39e œuvre littéraire avec Affamée du Nord.
Le roman met en scène une jeune fille allochtone qui va vivre dans le Nord avec ses parents. Très intéressée par la faune, elle rêve de voir un ours polaire. Son rêve deviendra réalité. Toutefois, l’ours ressemble peu à l’idée qu’elle s’était faite. Avec sa meilleure amie inuite, la jeune fille viendra en aide à l’animal et tentera de changer les choses.
Ce n’est pas la première fois que Diane Groulx s’inspire de cette région du Québec. Elle avait présenté au public à la fin des années 1990 Le défi nordique. Le roman avait été réactualisé en 2009. Le ministère de l’Éducation avait choisi un extrait pour l’examen de fin de parcours de sixième année. Encore aujourd’hui en demande, il a été de nouveau mis à jour.
Quelle est la prémisse de votre nouvelle œuvre?
Je me suis toujours intéressée aux changements climatiques. J’y ai toujours été sensible. L’an dernier, avec mes enfants, j’ai participé à la grande marche avec Greta Thunberg, à Montréal. Par la suite, j’ai vu la photo sur l’Internet d’un ours polaire décharné. Je me suis dit qu’il avait une histoire à raconter. J’ai enseigné chez les Inuits et depuis longtemps ils sont témoins des changements climatiques. À l’époque, personne ne les écoutait, et là, ça devient de plus en plus évident. Ils sont les premiers à en souffrir puisque leur environnement change radicalement.
Y a-t-il un message particulier que vous désirez lancer avec Affamée du Nord?
Étant orthopédagogue de formation, j’ai toujours le souci dans les livres que j’écris, d’avoir justement un message plus profond que juste le divertissement de la lecture. Je voulais sensibiliser aux changements climatiques. Au début du livre, je dédicace aux plusieurs jeunes partout dans le monde qui ont su unir et utiliser leurs forces pour essayer de changer les choses. Ils ont ce pouvoir-là, un geste à la fois.
Vous avez vécu au Nunavik il y a trente ans. Qu’avez-vous retenu de votre passage?
Ça m’a marqué de façon positive. J’ai toujours voulu à travers mes écrits faire connaître la culture contemporaine des Inuits de manière positive, pas par les problèmes d’alcool ou de drogues, mais plutôt par la culture telle qu’elle devrait être valorisée par les médias.
Avez-vous gardé contact avec cette communauté?
J’ai eu la chance d’aller faire des animations dans les écoles à la suite de la parution de mes livres.
Considérez-vous qu’on ne parle pas assez de la culture inuite?
Oui et quand on en parle c’est souvent de manière péjorative. Rarement va-t-on parler de la culture ou la langue. Je trouve ça triste. C’est pour ça qu’aux éditions du soleil de minuit, le mandat c’est justement de créer des ponts entre différentes cultures, pour que les enfants sentent que leur héritage est valorisé.
Avec la crise sanitaire, avez-vous craint que votre roman ne soit pas publié?
J’avais espoir que les choses se rétablissent suffisamment pour permettre la publication du livre. Étant donné aussi que c’est un livre jeunesse, j’espérais que dans les écoles on puisse l’utiliser aussi et qu’il puisse être disponible. En fait, le problème, c’était de s’approprier le livre durant la pandémie puisque les libraires étaient fermés. Mais la lecture, je pense, a connu un essor.
Affamée du Nord, Diane Groulx, Éditions du soleil de minuit, 176 pages.
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