Violence conjugale: soutenir les victimes, une famille à la fois
Depuis plus de deux ans, l’agente responsable de la violence conjugale et intrafamiliale (VCI) du poste de quartier (PDQ) 7 à Saint-Laurent, Marilyn Séguin, veille à soutenir des victimes et encadrer ses collègues patrouilleurs.
Au lendemain de l’annonce d’un imminent couvre-feu au Québec au début de janvier, la vice-première ministre Geneviève Guilbault avait tenu à se faire rassurante. La ministre de la Sécurité publique invitait entre autres toute personne se sentant en danger à domicile à prendre les mesures qu’il faut, même si celles-ci contreviennent au couvre-feu.
«Le gros bon sens demande des exceptions», avait-elle convenu.
Et les corps policiers ont bien entendu dû s’adapter. «Ils ont été appelés à être un peu plus sensibles au non verbal des gens qui vont se présenter à eux, si évidemment ils ont des blessures, des états de stress, d’hypervigilance», explique Marilyn Séguin.
Le PDQ 7 se classe d’ailleurs en milieu de peloton à Montréal en matière de plaintes reliées à la violence conjugale ainsi qu’intrafamiliale, se trouvant respectivement au 14e, et 10e rang sur 31.
Confiance
L’agente VCI agit à titre de personne-ressource pour les patrouilleurs qui font face à des contextes de violences en milieu familial et d’assurer un suivi avec les Laurentiens impliqués.
«J’appelle toutes les victimes», soutient Mme Séguin, qui leur réitèrent qu’elles peuvent faire appel au Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) de Montréal. Une intervenante travaille dans le PDQ 7.
«Quand on fait les suivis avec les victimes, on les accompagne et on s’assure que tous leurs besoins ont été répondus.» -Marilyn Séguin
Les écoles informent souvent le poste de quartier lorsque des craintes émergent. «Ils nous mettent directement en lien avec la victime, c’est de là que tout notre travail va partir», indique Mme Séguin.
Le poste travaille également avec divers partenaires locaux comme le Centre des femmes de Saint-Laurent. Cette collaboration permet de créer un «filet de sécurité» auprès de personnes étant en danger. «La police peut amener une vision différente et de l’information pertinente», dit l’organisatrice communautaire, Arina Grigorescu.
Les premiers contacts avec une victime nécessitent une délicatesse de la part des policiers. Une relation de confiance est tranquillement bâtie. Les interventions sont adaptées selon les situations rencontrées.
«C’est des situations qui sont très émotives, mentionne l’agente Séguin. Les gens sont très affectés.»
Expérience
Ses 14 ans de service, Marilyn Séguin les a toutes passées dans l’arrondissement Saint-Laurent. «On améliore chaque année notre travail. J’ai consolidé de bonnes bases dans le secteur, dit la trentenaire. J’apprécie la population, j’apprécie les lieux, donc j’ai vraiment toute fait mes expériences de patrouille ici.»
L’agente s’était d’ailleurs portée volontaire pour occuper le poste VCI, qu’elle occupe depuis l’été 2018. «Ça me tient beaucoup à cœur ce type de dossiers là. Je suis extrêmement sensible à ces problématiques, et ça regroupe beaucoup d’enjeux. On voit vraiment les impacts sur toute la famille», relate-t-elle.
Pour Mme Séguin, c’est un «support sans faille» qui doit être apporté aux victimes. Bien qu’elle soit confrontée quotidiennement à une réalité difficile, son travail auprès des résidents de Saint-Laurent est «plus gratifiant que difficilement tolérable.»
En 2006, le SPVM a adopté un premier plan d’action triennale «Mieux comprendre, mieux intervenir» qui a mis en place une communauté pratique de 55 policiers attitrés à la violence conjugale et intrafamiliale.