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Un court métrage d’Eli Jean Tahchi pour aller au-delà d’une clôture

Le cinéaste Eli Jean Tahchi
Le cinéaste Eli Jean Tahchi Photo: Métro Média/Laurent Lavoie

Le cinéaste et photographe Eli Jean Tahchi profitera d’un montant de 75 000$ pour travailler sur son prochain projet: la réalité de deux quartiers montréalais séparés d’une clôture.

L’artiste de 30 ans qui réside à la frontière des arrondissements Ahuntsic-Cartierville et Saint-Laurent est le lauréat de la septième édition de Regard sur Montréal. Ce concours mené notamment par le Conseil des arts de Montréal et la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) offre une résidence d’environ 10 mois pour la scénarisation, à la réalisation, à la postproduction et à la diffusion.

Le court métrage d’Eli Jean Tahchi Des voisins dans ma cour portera sur la longue clôture du boulevard de l’Acadie délimitant le quartier démuni de Parc-Extension et la riche Ville Mont-Royal (VMR).

Cette séparation datant des années 1960 a causé des manifestations dans le passé. Aussi, quelques portes permettant de traverser vers VMR étaient même à l’occasion barrées pour limiter les passages, comme lors de l’Halloween.

«Quand on parle de Montréal, c’est une ville ouverte, où il y des égalités, des droits humains, et quand on voit cette cicatrice dans l’espace qui sépare ces deux quartiers, moi personnellement, ça me touche de voir ça», soutient M. Tahchi.

Celui qui a migré du Liban en 2011 a vécu dans Parc-Extension. Il garde des souvenirs riches en couleurs, en commerces, mais aussi en diversité.

Et c’est jusqu’au jour où il marchait pour aller à la banque qu’il a découvert cette fracture. «J’ai remarqué le grand changement de caractère d’une ville à une autre, raconte M. Tahchi. C’est à quelques mètres.»

Ayant grandi à la limite entre l’Israël et le Liban, soit le théâtre de nombreux conflits, le Montréalais est «sensible à l’idée des frontières».

Si le projet est toujours en phase de développement, le cinéaste a déjà une bonne idée de ce qu’il offrira au public.

«Ça commence vraiment avec un vol de drone au début du film parce que je dis toujours qu’il y a des choses qui ne sont pas très visibles quand on marche, dit l’artiste. Parfois, tu ne te rends pas compte qu’il y a une clôture parce qu’il y a des arbustes.»

«J’essaie de créer une expérience visuelle pour que les gens se mettent à la place de ces personnes.» -Eli Jean Tahchi

Sans pour autant intégrer des entrevues, il compte illustrer les différences entre les quartiers et aller à la rencontre de familles vivant des deux côtés de la barrière.

«Eli a vraiment une sensibilité particulière que j’aime bien, une sensibilité à aller dans les traumas, les émotions des personnages, leurs faiblesses, leurs forces», décrit la productrice Marina Khoury, qui a collaboré avec lui à plusieurs reprises.

Parcours

À son arrivée du Liban, Eli Jean Tahchi a poursuivi ses études en cinéma à l’Université de Montréal pour parfaire ses connaissances en la matière. Il avait le sentiment qu’il devait restreindre les sujets qui l’intéressaient dans son pays d’origine.

«C’est le cinéma ou bien l’art en général qui m’a donné un peu le courage de commencer à exprimer mes idées que je refoulais pendant des années à travers mes films», fait savoir celui qui est aussi diplômé du programme mixte financé par Netflix à l’Institut national de l’image et du son.

Il a depuis réalisé des documentaires, une web-série et des courts métrages de fiction.

Eli Jean Tahchi espère amorcer le tournage de Des voisins dans ma cour durant le mois de juin, si la pandémie ne fait pas des siennes. Le court métrage doit être livré avant octobre.

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