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Nisrin Al Yahya, nouvelle directrice générale du CARI St-Laurent

De gauche à droite, Nisrin Al Yahya et Jocelyn Chouinard, directrice général et directeur adjoint du CARI St-Laurent.
De gauche à droite, Nisrin Al Yahya et Jocelyn Chouinard, directrice général et directeur adjoint du CARI St-Laurent. Photo: Mohammed Aziz Mestiri/Métro Média

En 2008, le jour de son quarantième anniversaire, Nisrin Al Yahya a atterri au Québec avec ses deux filles. La nuit même, un doute a traversé l’esprit de la nouvelle arrivante, lorsqu’elle a réalisé à quel point son appartement était minuscule comparé à son domicile en Tunisie. Aujourd’hui, Mme Al Yahya est la nouvelle directrice générale du Centre d’accueil et de référence sociale et économique pour immigrants de Saint-Laurent (CARI St-Laurent).

Si son nom indique une présence auprès de la population laurentienne, l’organisme offre ses services à toute personne du Québec et de Montréal, du pont au pont comme le décrit Mme Al Yahya.

La nouvelle directrice générale succède à Aïcha Guendafa, qui prend sa retraite après 26 années de service au sein de l’organisme.

Le bâtiment sur le boulevard Décarie appartient entièrement à l’organisme, un changement par rapport aux locaux loués dans le premier centre d’achat au pays, construit en 1951 à Norgate et dont les fusibles ne supportaient pas l’arrivée des ordinateurs.

Mme Guendafa est créditée comme celle ayant fait grandir le CARI St-Laurent. Comme plusieurs centres du même type, l’organisme a vu le jour il y a une trentaine d’années durant la crise des réfugiés de la mer, les boat people.

Près de la moitié des personnes ayant recours au service du CARI St-Laurent habitent dans l’arrondissement et 40% proviennent du reste de Montréal.

Sur le plan linguistique, 41% ont l’arabe comme langue maternelle, suivie de 8% qui ont le français et 7% le mandarin. Près d’une personne sur six possède un diplôme universitaire.

Travailler à l’arrivée

La panoplie de services du centre vise à assister les prestataires dans toutes les facettes de l’immigration, au travers de six départements.«Lorsque la personne arrive, elle n’a pas de repères. Une intégration réussie passe par une mise en relation avec les acteurs de la société d’accueil», explique Mme Al Yahya.

L’enjeu devient alors d’apprendre à l’immigrant l’ensemble des référents du Québec. La francisation au niveau de la parole et de l’écriture en est un. Mais plus loin, c’est la méconnaissance des codes qui est un obstacle. La Québécoise d’un père palestinien et d’une mère libanaise appuie que parfois, une traduction du français en français se voie enseignée.

«En recherche d’emploi, on tombe par exemple sur les termes DÉC ou DEP. Une personne qui arrive d’ailleurs, elle ne sait pas ce que cela signifie», illustre Mme Al Yahya.

L’apprentissage en terre inconnue requiert du temps, qui peut être autant un ami qu’un ennemi, précise la native du Koweït. Un temps durant lequel la personne doit réussir à subvenir à ses besoins et celles de sa famille.

«La conseillère en emploi m’a demandé quel emploi je recherche. Je lui ai répondu que je voulais être assise derrière son bureau.»

Nisrin Al Yahya

Mme Al Yahya a elle-même dû patienter. Pour la diplômée d’une maîtrise en relations économiques et droit international, les centres de services aux immigrants sont indispensables, ayant elle-même côtoyé un centre dès le début. «Je ne suis pas arrivée jeune, cela a donné sa part de difficulté», relate-t-elle.

Ethnicité et emploi

Les personnes immigrantes ont tendance à occuper des emplois en dessous de leur niveau de diplomation. Selon les données des recensements, Statistique Canada indique que la proportion de travailleurs qui étaient surqualifiés à la fois en 2006 et 2016 s’élevait à 10% parmi les immigrants.

La proportion était moins de 4% parmi les non-immigrants. Les femmes sont aussi plus susceptibles que les hommes d’occuper un emploi sous leur seuil de diplomation et de compétence.

Durant la crise sanitaire, les immigrants sont représentés de façon disproportionnée dans les secteurs de la santé les plus exposés à la COVID-19, mais aussi dans les industries qui ont été le plus touchées par la pandémie.

«Quand on regarde l’histoire du Québec, on sait que des minorités sont fortement associées à des secteurs d’emploi depuis des décennies», exprime le directeur adjoint du CARI St-Laurent, Jocelyn Chouinard.

M. Chouinard et Mme Al Yahya notent aussi qu’une certaine prophétie autoréalisatrice réside parmi certains groupes ethniques, en plus des obstacles systémiques. «Pendant longtemps, une femme haïtienne nouvellement arrivée va être encouragée à devenir préposée aux bénéficiaires», illustre Mme Al Yahya.

Les communautés fournissent un semblant de réseautage vers les secteurs qu’ils surreprésentent. Lorsque la pleine intégration professionnelle semble lointaine, les emplois sous-qualifiés représentent ainsi un raccourci.

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