L'abolition des CLD inquiète les acteurs du milieu économique de Saint-Laurent
Anne-Frédérique Hébert-Dolbec
Vendredi, le ministre libéral des finances Carlos Leitao a confirmé à un journaliste de TC Media que les CLD tels que nous les connaissons seront bel et bien abolis.
Le ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau, envisage d’abolir les 120 centres locaux de développement (CLD) du Québec, dans l’objectif de réaliser des économies annuelles de 40 millions $ sur un budget de 72 millions $.
Selon le plan qui serait prévu par Moreau, la moitié du budget des CLD irait aux MRC ou aux municipalités, qui récupéreraient ainsi la mission de développement économique réservée depuis 16 ans aux CLD de chaque territoire.
Daniel Dicaire, directeur général de Développement Économique Saint-Laurent (DESTL), est perplexe.
« Je suis tout à faire d’accord avec le gouvernement qu’il est grand temps de sabrer dans les dépenses. Mais les CLD ne sont pas seulement une dépense. Ils sont des créateurs de richesse, des créateurs d’emplois. Avec le budget de 800 000$ que le gouvernement fournit à notre organisme chaque année, nous sommes en mesure de déclarer des investissements de 300 à 600 millions de dollars. »
Cet aspect ne semble pas pris en compte par le gouvernement, selon M. Dicaire. « Du moins, personne ne nous a demandé de fournir nos résultats à cet égard. »
Le maire de Saint-Laurent Alan DeSousa croit aussi fermement au bien-fondé des CLD. « À Saint-Laurent, nous avons plus de 5000 compagnies sur notre territoire. Mais il ne faut pas croire que les CLD n’ont pas d’impact. 90 % de nos compagnies embauchent moins de 50 employés. Notre base industrielle est formée de petites et moyennes entreprises (PME), et les PME naissent des idées d’entrepreneurs comme ceux qui bénéficient des services du CLD. »
Le maire est convaincu que les richesses générées par les CLD et leurs clients bénéficient à tous les paliers gouvernementaux. « Leur réussite, c’est notre réussite à tous. »
Une gestion différente pour Montréal
Le directeur général de DESTL est également d’avis que la restructuration ne peut pas être appliquée de la même manière sur l’île de Montréal qu’ailleurs au Québec.
« En général, ailleurs au Québec, il y a un CLD par MRC. Il y a une grande proximité entre les deux. Mais à Montréal, les territoires administrés par chaque CLD ne correspondent pas nécessairement aux territoires des arrondissements. »
DESTL, en plus de Saint-Laurent, prend par exemple en charge Côté Saint-Luc et Montréal Ouest. Il serait donc difficile de déterminer quelle part du budget serait distribuée à chaque administration, selon M. Dicaire.
« Il serait beaucoup plus logique que le gouvernement supprime certains centres de développement, et agrandisse le territoire couvert par ceux qui resteraient en fonction. »
Nouveau rôle pour les arrondissements
Si le ministre Moreau met son plan à exécution, les fonctions des CLD seront transférées aux arrondissements. Ils devront donc fournir un appui au démarrage des entreprises, accompagner les entrepreneurs dans la réalisation de leur plan d’affaires, et trouver des partenaires financiers prêts à investir.
Mais les arrondissements sont-ils en mesure de prendre en charge ces responsabilités?
Selon M. Dicaire, la plupart des administrations ne pourraient pas fournir les travailleurs nécessaires sur le terrain afin de remplir correctement leur mission. Saint-Laurent demeurerait toutefois une exception.
« Nos experts travaillent déjà à l’intérieur de l’administration laurentienne pour stimuler le développement des entreprises. Nous sommes les commissaires d’arrondissement pour cette mission particulière. Comme l’expertise existe déjà au sein de l’arrondissement, je pense qu’il serait en mesure de prendre le relais. »
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