Freiner la présence de restos: des restaurateurs de Notre-Dame partagés
Les restaurateurs de la rue Notre-Dame interrogés par TC Media ont des avis partagés sur la mesure proposée par le Sud-Ouest, qui souhaite freiner l’arrivée d’établissements sur cette artère dans le but de favoriser une plus grande diversité commerciale.
Trois des principaux joueurs en restauration sur l’artère commerciale émettent des points de vue différents sur le plan proposé par l’arrondissement.
David McMillan, copropriétaire du Joe Beef, est en faveur de la décision de l’arrondissement de limiter la venue de nouveaux restaurants sur Notre-Dame, Herman Alves, propriétaire du Bitoque, suggère de laisser agir les forces du marché et Toby Lyle, copropriétaire du Burgundy Lyon, se situe entre les deux.
L’administration municipale veut faire en sorte qu’un nouveau restaurant ne puisse s’établir à moins de 25 mètres d’un autre établissement.
Pour David McMillan, l’homme également derrière les restaurants Liverpool House et Vin Papillon, tous situés sur Notre-Dame, l’administration municipale va dans la bonne direction. «La distance entre deux restaurants, ça a de l’allure», estime-t-il.
«Champignons»
«Je ne dis pas ça parce que j’ai peur de la compétition», assure M. McMillan, qui redoute ce qui est survenu sur le boulevard Saint-Laurent. «J’ai travaillé comme chef au Globe pendant 12 ans. Au début, il y avait plein de magasins. Ça faisait un quartier hyper intéressant», relate-t-il.
Puis les restos ont poussé comme des champignons, occupant de plus en plus d’espace. «Quand je suis arrivé sur Saint-Laurent, il y avait 11 boucheries. Quand je suis parti il en restait deux. Ça a tué la rue. Ce n’est pas revenu», se désole le restaurateur.
David McMillan plaide pour la diversité. «Il y a 11 ans, je voulais être un resto parmi les antiquaires sur Notre-Dame, confie-t-il. Petit à petit, tout le monde s’est mis à ouvrir des restaurants. C’est importants qu’il y ait des boutiques, qu’il reste des antiquaires.»
Vitalité
«Je ne sais pas ce que la mesure va avoir comme impact», questionne pour sa part Herman Alves, qui exploite des restaurants sur Notre-Dame depuis 27 ans.
Pour lui, leur présence contribue à la vitalité de la rue. «Quand il y en avait moins, Notre-Dame était morte», rappelle-t-il.
À son avis, il y a encore de la place pour de nouveaux établissements et il appartient aux consommateurs de décider de leur sort. «C’est le marché qui devrait décider, soutient M. Alves. Nous n’avons pas atteint un niveau de saturation. Je n’ai pas peur de la compétition.»
Le point de vue de Toby Lyle va dans le même sens. «S’il y a des restaurants qui ne marchent pas, ils vont fermer. Il y a de la place pour de la compétition. C’est toujours bon», analyse-t-il.
M. Lyle mentionne lui aussi que les restos ont aidé à faire connaître la rue Notre-Dame et qu’ils génèrent de l’activité. «Le monde amène le monde», souligne-t-il, reconnaissant cependant le besoin d’y retrouver divers types de boutiques. «Un mélange de commerces pour le quartier, c’est bon», juge-t-il.
Pour lui, reste à voir si des commerces autres que des restaurants seront intéressés à s’installer sur l’artère.