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Militer pour des œuvres d’art en vitrine

Photo: (TC Media - Patrick Sicotte)

Dans les vitrines de sa maison de la rue Allard dans Ville-Émard, l’écosculpteur Alain Cadieux affiche depuis 16 ans les œuvres d’art qu’il conçoit à partir d’objets historiques. Depuis, il milite pour que d’autres artistes fassent de même en exposant dans des locaux commerciaux vacants, afin d’accélérer le processus de location tout en faisant profiter la communauté de galeries d’art éphémères.

Après avoir transformé un ancien commerce de réparation de matériel électronique datant de 1932 en maison unifamiliale, dont la façade entièrement faite de bois rappelle un chalet en campagne, l’homme de 66 ans a commencé à exposer ses sculptures mariant le bois à l’acier, suscitant l’attention des résidents du quartier.

«Imaginez si toutes les vitrines des espaces libres seraient occupées par des sculptures ou des tableaux, ça attirerait les gens dans le coin. Dans mes plus grands fantasmes, Ville-Émard deviendrait une destination touristique avec plein d’espaces culturels temporaires pour les artistes du coin», mentionne M. Cadieux.

Selon lui, l’art est nécessaire à la revitalisation du quartier et c’est pourquoi il met autant d’énergie dans la réalisation de ce rêve qui l’habite depuis son arrivée dans le coin.

«J’avais fait une exposition dans un local de la rue principale de Saint-Jean-Port-Joli avant que je déménage à Montréal et j’ai réalisé tous les bienfaits que ça a apportés. Ce lieu abandonné depuis des années s’est vite fait loué après mon exposition d’un mois et depuis il est encore occupé», raconte-t-il.

Il a d’ailleurs répété l’expérience dans un local inoccupé du boulevard Monk appartenant à Maurice Cadieux en 2016. Après trois mois d’exposition, l’endroit a été loué à un salon de massage. «J’ai aussi exposé pendant quelque temps au Nettoyeur Angrignon et depuis c’est un des commerces les plus achalandés du coin», précise M. Cadieux.

Boulevard Monk
Lors de l’annonce des élus du Sud-Ouest concernant la revitalisation du boulevard Monk en octobre, il a été déçu d’apprendre que l’art n’avait pas une place significative dans le projet. Aux dires de l’artiste, cela fait huit ans qu’il met de la pression à l’arrondissement pour qu’un règlement incitant les propriétaires d’immeubles à transformer leur vitrine en salle d’exposition soit adopté.

«En ce moment, rien n’empêche un propriétaire d’afficher des œuvres sur la devanture de son établissement, mais j’aimerais qu’il y ait une réglementation qui lui donnerait un avantage concret de le faire, comme moins de taxes à payer, par exemple», souligne M. Cadieux.

Selon lui, il reviendrait beaucoup moins cher à l’arrondissement de payer le loyer de commerces vacants pendant les expositions que d’octroyer une subvention à un seul artiste. «Ils auraient droit à plusieurs artistes et plusieurs expositions pour moins cher et ça contribuerait à l’embellissement de Monk parce qu’en ce moment ce n’est pas nécessairement beau», croit l’écosculpteur.


Projet-pilote
En 2016, ses démarches ont porté fruit puisque le Sud-Ouest a conduit un projet-pilote appelé «Vitrines d’arts». Des reprographies d’œuvres d’artistes du secteur ont été affichées dans les vitrines d’une trentaine de locaux vacants des principales artères commerciales de l’arrondissement, notamment le boulevard Monk.

Alain Cadieux déplore toutefois le fait que ce ne soit pas de véritables œuvres d’art qui soient exposées, mais bien des photos imprimées sur un appliqué de vinyle plastifié et collé sur les vitrines à l’extérieur du bâtiment.

«Ça ne fait pas la même chose que des vraies œuvres d’art. En plus ça cache l’intérieur du local donc d’après moi c’est plus difficile à louer avec ces affiches», explique M. Cadieux qui a d’ailleurs une de ses sculptures présentées sur une affiche.

Chargée de communication à l’arrondissement, Denise Paré explique que les œuvres d’art originales n’ont pu être exposées pour des questions d’assurances, de coûts et d’éclairage. Elle croit toutefois que l’alternative des affiches peut remplir les mêmes objectifs, soit animer le quartier, attirer l’attention des locataires potentiels et mettre en valeur les artistes du Sud-Ouest en leur procurant une visibilité grand public.

Alain Cadieux n’est toutefois pas de cet avis, c’est pourquoi il continuera à travailler afin que son idée voit le jour. En attendant, il continuera à enjoliver le quartier par ses sculptures. Il est présentement en train de construire une maisonnette Croque-Livres qui sera installée à l’avant du CLSC de la rue Laurendeau.

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