Un premier café «zéro déchet» à Griffintown
Les tables des cafés sont le plus souvent envahies de gobelets et d’emballages qui finiront à la poubelle. Chaque année, les Canadiens jettent plus d’un milliard et demi de verres à café jetables d’après Agriculture et agro-alimentaire Canada. Le café Le 5ième, qui ouvrira en septembre, prend la direction inverse avec sa mission «zéro déchet».
Dans le demi-sous-sol d’un édifice de la rue de la Montagne, au coin de la rue du Séminaire, les cofondateurs Dorian Zéphir et Simon Fonseca ont déjà rendu le local propre et utilisable et finiront l’aménagement grâce à une campagne de socio-financement. Ils ont déjà atteint le tiers de leur objectif de 30 000$.
Il n’y aura pas de vaisselle ou d’ustensiles jetables, les serviettes de papier seront remplacées par du tissu, le marc de café sera composté et les bouteilles de lait recyclées. Même les grains de café seront livrés dans des contenants réutilisables.
Les deux jeunes hommes de 27 ans ne comptent cependant pas seulement transposer les ordures en recyclage ou en compost. En accord avec les valeurs «zéro déchet», ils comptent aussi réduire la production de résidus de toutes sortes.
Il n’y aura aucun donc aucun contenant pour emporter, même s’ils sont recyclables ou compostables. «Ces produits à usage unique se retrouvent beaucoup trop souvent dans les dépotoirs ou, pire, carrément dans la rue. En les refusant, on ne réduit pas seulement nos déchets à l’intérieur, on enlève au client une opportunité d’en produire», affirme Simon.
Même dans la décoration et l’ameublement du 5ième se fera autant que possible sans gaspillage. Une grande partie du bois utilisé a été récupéré d’une terrasse que Simon a construite pour un restaurant, les pots Mason viennent de l’Armée du Salut et le reste de la vaisselle sera elle aussi, autant que possible, achetée usagée.
Origines
Le projet a germé dans l’esprit de Dorian quand il a assisté à une conférence de Béa Johnson, sommité du mode de vie «zéro déchet». Il songeait d’abord lui demander de participer à une causerie sur le sujet à l’École des technologies supérieures (ÉTS), où il étudiait. «Je me suis dit que, au fond, on pouvait faire tellement plus. On pouvait ouvrir un café», raconte celui qui a lui-même adopté ce mode de vie.
D’abord imaginé au 5e étage de la Maison des étudiants de l’ÉTS, d’où il tire son nom, le café sera finalement extérieur à l’école pour permettre une meilleure intégration dans le quartier.
Lieu polyvalent
Sans être encore ouvert officiellement, le 5ième a déjà commencé à accueillir des événements. Les futurs clients pourront donc être témoins de l’évolution du café. «Le local est déjà propre et agréable, autant en profiter», explique Simon Fonseca, qui préparait mercredi les lieux pour la première conférence.
«L’objectif, c’est que ça ne soit pas juste un espace à louer. On veut aider à construire ces soirées, à les organiser en faisant appel à nos réseaux et à nos contacts», explique Simon.
Les fondateurs souhaitent que le café soit l’hôte d’activités variées, d’initiatives des résidents et des étudiants du quartier. Ainsi, il pourrait y avoir des cours de yoga le matin, du coworking pendant la journée et des conférences ou des spectacles le soir.
Pendant les heures de coworking, l’espace de travail collaboratif sera loué à l’heure aux utilisateurs. Les fondateurs envisagent aussi offrir des services de massage sur chaise ou de barbier, qui seraient inclus dans le tarif horaire de la location.