Des chiens déstabilisés par le confinement
Le confinement et le télétravail des propriétaires de chiens peuvent causer de l’anxiété chez certains animaux. Réactions inhabituelles, morsures et agressivité sont parmi les conséquences possibles, selon des experts en comportement canin.
La présence constante des humains peut déstabiliser un chien habitué d’être seul pendant de longues périodes durant la journée. Ces bêtes routinières peuvent mal réagir à un changement dans leurs habitudes.
«Ces temps-ci, 8 ou 9 de mes clients sur 10 ont des problèmes qui ont empiré ou qui sont apparus depuis le confinement», explique l’intervenante en comportement canin Rose Proulx.
Le constat est le même pour Nadine Caron et Natacha Renault qui sont dans le même domaine. Les trois femmes travaillent chacune à leur compte.
Certains chiens développent de l’anxiété de séparation lorsque leurs maîtres quittent le foyer. Ils peuvent ainsi hurler ou détruire du mobilier. D’autres, sans pause, peuvent être désorganisés.
«Être stimulé toute la journée ça peut être trop pour le chien, avance Mme Proulx. J’ai vu des bêtes qui étaient calmes, mais qui sortent des problèmes de comportement pour avoir toujours plus d’attention, ce qui peut mener à des morsures.»
L’interaction entre chiens et avec les autres humains est aussi plus difficile en raison de la distanciation sociale. Cette situation est d’autant plus problématique chez les chiots, dont la socialisation est au cœur du développement.
«Avec le confinement, c’est beaucoup plus difficile pour le chien d’associer la présence de personnes autres que celles de son foyer à quelque chose d’agréable, affirme Nadine Caron. Certains vont donc devenir plus méfiants.»
Natacha Renault remarque également que certains animaux réagissent mal aux masques. «De ne pas voir les traits du visage, ça peut faire paniquer un chien et le rendre agressif», dit-elle.
Solutions
Les problématiques liées au confinement ne sont pas généralisées. Il se peut que certains chiens s’adaptent très bien à cette nouvelle réalité. Pour ceux qui ont plus de difficulté, des solutions existent afin d’aider l’animal.
L’objectif est de permettre au chien de s’occuper par lui-même, sans l’intervention d’un humain. «Par exemple, ceux qui sont habitués de mettre leur chien en cage quand ils ne sont pas chez eux peuvent le remettre en cage avec des jouets pendant des parties de la journée, affirme Rose Proulx. Il ne faut pas qu’il prenne ça comme une punition, mais qu’il puisse s’occuper seul.»
Recréer une routine peut permettre à l’animal d’être plus calme. «Les chiens se sont des animaux extrêmement routiniers, continue l’intervenante. Plus ils savent à quoi s’attendre, moins ils vont être en surstimulation et en activité.»
Pour Nadine Caron, l’important est de privilégier une approche de renforcement positif avec le chien. «On ne doit pas intervenir avec le chien pour le rendre inconfortable dans la douleur et dans la peur», affirme-t-elle.
Pour les problèmes plus importants, les intervenants en comportement canin ou les vétérinaires spécialisés en comportement peuvent donner des conseils par téléphone ou en personne.
Niveau de formation
Bien qu’il ne manque pas d’intervenants en comportement canin, leur niveau de formation diffère énormément d’une personne à l’autre. «Tout le monde peut se créer un site web et se proclamer intervenant en comportement canin, mais sans nécessairement se baser sur la science», affirme Rose Proulx.
Selon Nadine Caron, il revient au public de bien choisir son intervenant. «Plusieurs professions fonctionnent très bien sans ordre professionnel, indique-t-elle. Mais il revient au public de faire leurs recherches sur la qualification de la personne qu’ils choisissent.»