Mélanie Doyle-Pesant: modèle de la relève en génie-conseil
Crise sanitaire de la COVID-19, canicules à l’horizon, absences de systèmes de ventilation…C’est le cocktail qui a été servi à l’Hôpital Jean-Talon au printemps 2020. Fort heureusement, l’urgence agit parfois comme levier d’innovation. Et la créativité est parfois récompensée.
«Le génie mécanique, c’est tout ce qui est ventilation, plomberie, chauffage, refroidissement, protection incendie. On peut le voir un peu comme le système nerveux du bâtiment. C’est ce qui le fait respirer, refroidir… tout ce qu’on ne voit pas, mais qui est si important pour la fonctionnalité d’une école, d’un hôpital, d’une maison», illustre Mélanie Doyle-Pesant.
La récente lauréate de la catégorie de la relève en génie-conseil de la 20e édition des Grands Prix du génie-conseil québécois et ingénieure en mécanique du bâtiment, Mélanie Doyle-Pesant, estime que son métier lui offre le «meilleur des deux mondes» en répondant à son désir de créativité et à son amour pour les sciences. Au téléphone, il est possible d’entendre son sourire.
Sa constante bonne humeur a d’ailleurs été particulièrement appréciée des membres de l’équipe de conception qu’elle a chapeautée dans le cadre du projet de taille qui lui a valu ladite récompense: l’installation en mode accéléré d’un système de climatisation pour certaines ailes de l’Hôpital Jean-Talon.
Mme Doyle-Pesant raconte que pour relever le défi, il a fallu «voyager à travers différents obstacles», dont la pénurie de matériel et les délais accrus de livraison.
«C’était vraiment de trouver la meilleure solution, celle qui était optimale côté délais de livraison, côté coûts d’installation, côté encombrement par rapport au fonctionnement de l’étage ou de l’aile où on travaillait. Il fallait aussi être en symbiose avec le personnel et les patients qui étaient sur place, parce qu’on travaillait dans les corridors, dans les chambres pendant que le bâtiment était fonctionnel», mentionne-t-elle.
Deux projets en un
Le déploiement du projet en deux volets s’est fait d’une manière extrêmement rapide, «chose qu’on ne voit vraiment pas souvent dans nos autres projets, voire jamais», souligne l’ingénieure.
D’abord, Mme Doyle-Pesant s’est penchée sur le problème le plus pressant : fournir de la ventilation aux espaces qui en étaient dépourvus, pour que les patients et le personnel soignant vêtu en permanence d’un équipement de protection individuelle chaud et encombrant puissent en bénéficier le plus rapidement possible durant la période estivale.
«On a loué [une unité de ventilation] qui a été livrée sur place et qu’on a installée en toiture. On a déployé des gaines de ventilation à l’extérieur du bâtiment qu’on rentrait pour apporter du froid à l’intérieur.»
Après ces étapes, l’ingénieure a ensuite pu diriger l’équipe travaillant à l’élaboration d’une construction de ventilation permanente.
Dans une optique de durabilité et d’économies énergétiques, le refroidissement des unités de ventilation a été raccordé directement au réseau d’eau glacée de la centrale thermique existante de l’hôpital.
Des efforts récompensés
Mélanie ne cache pas que «ce projet, spécifiquement, a été très ardu» et qu’elle est fière du travail accompli par son équipe au terme «de plusieurs mois de gros travail» qui ont permis d’améliorer le confort du personnel de l’hôpital.
«Parfois, quand notre travail est bien fait, c’est subtil et ça passe inaperçu. C’est justement comme ça qu’on peut se récompenser de notre travail. Si les gens ne sont pas bien, s’il fait trop froid, s’il fait trop chaud, si c’est trop bruyant, on en entend parler. De voir que deux ans et demi plus tard, ça sert encore et que ça fonctionne bien et qu’on n’en entend pas parler, ça veut dire que notre travail est bien fait», souligne-t-elle.
Un modèle assumé
Le projet en soi et le leadership de Mélanie Doyle-Pesant ne sont toutefois pas passés sous le radar de ses pairs. La récipiendaire du Prix de la relève en génie-conseil, qui aspire à devenir un modèle pour les jeunes ingénieurs, est d’avis que cette récompense «hyper valorisante» démontre qu’elle «est sur la bonne voie».
«En étant activement impliquée dans l’évolution et l’apprentissage des jeunes ingénieurs, je ne peux pas nier le fait qu’on me qualifie de modèle.»