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L’Ebola arrive dans une grande ville du Congo

(FILES) In this file photo taken on June 13, 2017 Health workers work at an Ebola quarantine unit in Muma, after a one case of Ebola was confirmed in their village. The World Health Organisation (WHO) announced on May 11, 2018 that is was preparing for a'worst case scenario' in DR Congo Ebola outbreak. / AFP PHOTO / JOHN WESSELS Photo: AFP

JOHANNESBOURG, Afrique du Sud — La communauté internationale retient son souffle depuis qu’on a appris, jeudi, qu’une infection au virus Ebola a été détectée dans une ville de plus d’un million d’habitants en République démocratique du Congo, ce qui signifie que la plus récente éclosion de cette fièvre hémorragique terrifiante n’est plus confinée aux régions rurales.

Un responsable de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le docteur Peter Salama, a réagi sur Twitter en prévenant que tout vient de changer et qu’il sera maintenant «beaucoup plus difficile» de combattre la maladie.

Voici ce qui se passe.

QU’EST-CE QUE L’EBOLA?

L’Ebola est un virus qui, sans mesures de prévention, peut se propager rapidement d’un individu à un autre et se révéler mortel dans 90 pour cent des cas.

Les symptômes incluent une fièvre, des vomissements, une diarrhée, des douleurs musculaires et des hémorragies internes et/ou externes. Ces symptômes peuvent apparaître entre deux et 21 jours après l’infection, selon l’OMS.

Le virus se propage lors d’un contact avec les fluides corporels d’une personne qui présente des symptômes ou encore avec des objets, comme des draps, contaminés par ces fluides.

Les travailleurs de la santé sont souvent infectés, et les pratiques funéraires qui impliquent un contact étroit avec la dépouille peuvent aussi permettre au virus de se répandre.

On ne dispose d’aucun traitement spécifique contre l’Ebola.

QU’EST-CE QUI VIENT D’ARRIVER?

L’éclosion d’Ebola dans le nord-ouest du Congo a rejoint la capitale de la province de l’Équateur. Le ministre de la Santé du pays dit que deux cas présumés de fièvre hémorragique ont été déclarés dans la zone sanitaire Wangata, qui englobe la ville de Mbandaka et ses quelque 1,2 million d’habitants. Un échantillon a démontré qu’il s’agissait de l’Ebola. Mbandaka se trouve à environ 150 kilomètres de Bikoro, la région rurale où tout a commencé la semaine dernière.

Le ministre Oly Ilunga a admis qu’il s’inquiète puisque Mbandaka est densément peuplée et qu’il s’agit du coeur de la province de l’Équateur. La ville se trouve sur les rives du fleuve Congo, qui est amplement utilisé pour les déplacements dans un pays où les infrastructures sont pauvres.

La capitale, Kinshasa, et ses dix millions d’habitants se trouvent en aval.

A-T-ON DÉJÀ VU L’EBOLA EN VILLE?

Oui. Quand une épidémie d’Ebola a fait plus de 11 300 morts en Afrique de l’Ouest à compter de 2014, le virus est notamment entré dans les capitales de la Guinée, du Libéria et de la Sierra Leone, trois pays pauvres. Le virus s’est notamment propagé dans le quartier de West Point, à Monrovia, la capitale du Libéria.

À cette époque, l’OMS avait décrit West Point comme «le bidonville le plus vaste et le plus connu d’Afrique: plus de 70 000 personnes entassées sur une péninsule, sans eau courante, sans hygiène ou collecte des déchets».

Tous ces facteurs ont ralenti la réponse médicale et cela pourrait se reproduire au Congo, où huit éclosions précédentes se sont déclarées dans des secteurs reculés.

L’épidémie d’Afrique de l’Ouest était la plus mortelle depuis 1976, quand le virus a été identifié.

QUELLE EST L’AMPLEUR DE L’ÉCLOSION ACTUELLE?

Quarante-cinq cas de fièvre hémorragique ont été rapportés jusqu’à maintenant au Congo, dont 23 décès, selon l’OMS. On recense 14 cas confirmés d’Ebola, 21 cas probables et 10 cas possibles. Jusqu’à présent toutes les infections sont rapportées dans des secteurs reculés, ce qui complique l’intervention des équipes d’urgence. Cela pourrait en revanche faciliter le contrôle de la maladie.

Médecins sans frontières dit que 514 personnes qui pourraient avoir eu des contacts avec des victimes infectées ont été placées en observation.

Y A-T-IL UN NOUVEAU VACCIN CONTRE L’EBOLA?

Oui. Le ministère congolais de la Santé a annoncé mercredi que 4000 doses d’un vaccin expérimental étaient arrivées dans la capitale et qu’elles seront maintenant acheminées vers le nord-ouest reculé du pays. Quatre mille doses de plus seront déployées au cours des prochains jours et l’OMS a promis que d’autres seront disponibles au besoin.

Le vaccin expérimental semble très efficace contre l’Ebola. Il a été testé en Guinée en 2015 lors d’une épidémie qui a fait plus de 11 300 morts en Afrique de l’Ouest entre 2014 et 2016.

Il s’agit de la neuvième éclosion d’Ebola au Congo depuis 1976. Aucune n’a été associée à l’épidémie en Afrique de l’Ouest, mais on croit que le vaccin sera efficace contre l’Ebolavirus Zaïre qui menace de se propager au Congo.

L’OMS a expliqué qu’elle utilisera la stratégie de la «vaccination en anneau»: les contacts des victimes seront vaccinés sur une base volontaire, puis les contacts de ces contacts, en plus des travailleurs de la santé et autres intervenants de première ligne.

On ne sait toutefois pas combien de doses de ce vaccin expérimental existent et comment on procéderait à la vaccination dans un centre urbain. Le vaccin doit être gardé au grand froid, à -51 degrés Celsius, ce qui présente tout un problème logistique au Congo, un pays tropical où l’alimentation en électricité est aléatoire.

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