Le Brésil n’accueillera pas la COP25 en 2019
Deux mois après s’être réjoui de jouer un «rôle leader» sur le climat en accueillant la COP25, le Brésil a renoncé à organiser ce sommet l’an prochain sous la présidence du climatosceptique d’extrême droite Jair Bolsonaro.
«En raison de restrictions budgétaires (…) et du processus de transition avec la nouvelle administration qui prendra ses fonctions le 1er janvier 2019, le gouvernement brésilien s’est vu contraint de retirer son offre de recevoir la COP25», a expliqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué transmis mercredi à l’AFP.
Cette annonce a lieu à quelques jours de l’ouverture, dimanche, de la COP24 à Katowice, en Pologne. Le sommet de 2019 doit avoir lieu du 11 au 22 novembre et le Brésil était le seul candidat pour l’organiser.
Par ailleurs le nom du futur ministre de l’Environnement doit être annoncé très prochainement. Jair Bolsonaro est en train de finir de former son gouvernement, avec un nombre restreint de ministres, par mesure d’économie notamment alors que les caisses de l’État sont vides.
En octobre, au moment de l’annonce de sa candidature, le gouvernement du président de centre droit Michel Temer avait affirmé dans un communiqué que «la réalisation de la COP25 au Brésil confirmait le rôle leader du pays en termes de développement durable, notamment en ce qui concerne les changements climatiques».
«Cela reflète le consensus de la société brésilienne sur l’importance et l’urgence d’actions qui contribuent à la lutte contre les changements climatiques», ajoutait le texte de gouvernement qui cèdera la place à celui de Jair Bolsonaro au 1er janvier.
«Le Brésil retire sa candidature pour accueillir la COP25, qui avait été formalisée il y a deux mois. C’est une démonstration claire de la politique environnementale du nouveau président», a réagi Greenpeace sur Twitter.
La décision de ne plus organiser la COP25 «n’est pas seulement une opportunité manquée de montrer que le Brésil est un important leader au sujet des changements climatiques, c’est une démonstration claire de la vision du nouveau président Jair Bolsonaro sur l’environnement», a commenté Fabiana Alves, porte-parole de Greenpeace au Brésil, dans un communiqué.
Élu il y a un mois, Jair Bolsonaro a nommé à la tête de la diplomatie brésilienne Ernesto Araujo, fervent admirateur de Donald Trump et climatosceptique, qui a dénoncé mardi l’» alarmisme climatique» dans une tribune publiée dans le quotidien Gazeta do Povo.
Le futur ministre des Affaires étrangères avait auparavant affirmé dans un blogue que «la gauche a kidnappé la cause environnementale et l’a pervertie jusqu’au paroxysme». Il avait également écrit que «le marxisme culturel a(vait) influencé le dogme scientifique du changement climatique».
«C’est lamentable, mais pas surprenant, que le gouvernement brésilien revienne sur son offre de recevoir la COP 25 (…) C’est probablement dû à une opposition de l’équipe du président élu, qui a déclaré la guerre au développement durable à maintes reprises», a déploré dans un communiqué l’Observatoire du Climat, réseau d’ONG basées au Brésil.
«En ignorant la question du climat, le gouvernement cesse également de protéger la population, touchée par un nombre croissant d’événements climatiques extrêmes, qui, malheureusement, ne cessent pas d’avoir lieu uniquement parce que certains mettent en doute leurs causes», a poursuivi cette organisation.
Le président élu a laissé entendre qu’il pourrait, sous certaines conditions, faire sortir le Brésil de l’Accord de Paris sur le climat, alors que son pays détient 60% de la surface de l’Amazonie, «poumon de la planète».
Jair Bolsonaro avait aussi déclenché un tollé lors de la campagne en promettant dans un premier temps la fusion des ministères de l’Agriculture et de l’Environnement, une décision sur laquelle il est revenu depuis.
Un rétropédalage dû notamment à une pression du lobby de l’agro-business, craignant des sanctions commerciales de pays soucieux de la déforestation.
L’équipe économique du futur gouvernement Bolsonaro a promis une cure d’austérité au Brésil, assortie d’un vaste plan de privatisations, pour tenter de résorber une dette abyssale.