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Migrants en Méditerranée: offre «irréalisable» de l’Espagne pour accueillir l’Open Arms

Migrant à bord de l'Open Arms
Situation urgente des migrants à bord de l'Open Arms Photo: Francisco Gentico/AP
Rédaction - Agence France-Presse

L’ONG Proactiva Open Arms a refusé dimanche l’offre de l’Espagne d’accueillir son bateau transportant une centaine de migrants en Méditerranée, jugeant «absolument irréalisable» de rallier le port proposé à cause de l’«urgence humanitaire».

Le gouvernement espagnol avait proposé plus tôt dans la journée d’accueillir dans le port d’Algésiras (extrême sud) le navire de l’ONG, qui se trouve actuellement face à l’île italienne de Lampedusa, en raison de «la situation d’urgence» à bord et face à «l’inconcevable décision des autorités italiennes de fermer tous leurs ports».

Mais il est «absolument irréalisable» pour le bateau, qui transporte 105 adultes et deux enfants dans des conditions «intenables», d’aller jusqu’à Algésiras face à l’«urgence humanitaire» après 17 jours de mer, selon Laura Lanuza, porte-parole de Proactiva Open Arms. Son fondateur, Oscar Camps, a précisé qu’il faudrait cinq jours au bateau pour parcourir les presque 1000 miles nautiques jusqu’à Algésiras.

Le ministère espagnol des Affaires étrangères avait lancé parallèlement, dans un communiqué, un dernier appel «aux autorités italiennes pour qu’elles autorisent le débarquement» des migrants. «Le gouvernement italien peut être assuré que, dès que les migrants auront débarqué, ils seront immédiatement répartis» entre les pays qui ont proposé de les accueillir: France, Allemagne, Luxembourg, Portugal, Roumanie et Espagne, selon le texte.

Le ministère français de l’Intérieur a indiqué dimanche que la France s’était engagée à accueillir 40 migrants de l’Open Arms.

Par ailleurs, le gouvernement espagnol a indiqué «étudier la possibilité de se pourvoir devant l’Union européenne ou devant les institutions garantes du respect des droits humains et du droit maritime international» pour contester l’attitude de l’Italie.

Le ministre italien de l’Intérieur, le leader d’extrême droite Matteo Salvini, a critiqué l’offre espagnole. «Incroyable et inacceptable. Ils organisent des croisières touristiques et ils décident où ils débarquent?» a-t-il lancé sur Twitter.

Matteo Salvini avait accepté samedi à contrecœur de laisser débarquer 27 migrants mineurs non accompagnés. Mais il continue de refuser le débarquement du reste des passagers.

«Désespoir»

Dimanche, Oscar Camps a mis l’accent sur le «désespoir» des migrants: dans un tweet, il a posté une vidéo où il décrit un groupe de quatre passagers qui se jettent à l’eau pour tenter de rallier Lampedusa à la nage avant d’être ramenés sur le navire.

Cette énième confrontation entre un navire de secours et le ministre de l’Intérieur italien s’est déroulée cette fois-ci en pleine crise politique à Rome.

M. Salvini a fait voler en éclats le 8 août la coalition gouvernementale constituée par sa formation politique, la Ligue, avec le Mouvement cinq étoiles (M5S, antisystème). Il a réclamé l’organisation rapide d’élections, alors qu’il est crédité de 36 à 38% des intentions de vote dans les sondages.

Mais un front politique semble en train de se former contre lui, par le biais inattendu d’une alliance entre son ex-partenaire du M5S et le Parti démocrate (centre-gauche).

La politique migratoire a pris une place centrale dans cette crise, dans l’attente d’un éventuel vote de censure contre le gouvernement au Sénat mardi.

De son côté, le gouvernement du socialiste espagnol Pedro Sanchez, également confronté à une crise politique, est ces derniers mois revenu sur la politique migratoire accueillante de ses débuts en juin. Après avoir recueilli l’Aquarius et ses plus de 600 migrants, puis trois fois l’Open Arms, il avait brusquement en août refusé de recevoir à nouveau l’Aquarius, et n’avait depuis permis aucune arrivée de bateau humanitaire.

Parallèlement, le navire Ocean Viking, des ONG SOS Méditerranée et Médecins sans Frontières (MSF), cherchait également un port, avec 356 migrants à bord. Il navigue désormais au ralenti à mi-chemin entre Malte et Lampedusa, tandis que le décret lui interdisant les eaux territoriales italiennes est toujours en vigueur et que les autorités maltaises restent sourdes à ses demandes.

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