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Fonte du permafrost: menace climatique et sanitaire

Permafrost
Vue aérienne de Terre-Neuve-et-Labrador Photo: Getty Images/iStockphoto

Les sols gelés du permafrost, dont une part importante devrait fondre en surface d’ici 2100 selon un rapport de l’ONU, menacent de libérer des virus oubliés et des milliards de tonnes de gaz à effet de serre, au risque notamment d’accélérer le réchauffement climatique.

Pergélisol en français, permafrost en anglais, ces sols gelés toute l’année recouvrent un quart des terres émergées de l’hémisphère nord, notamment au Canada, en Russie et en Alaska. Ils peuvent être composés de micro-lentilles de glace ou de grosses masses de glace pure, sur une épaisseur de quelques mètres à plusieurs centaines de mètres.

Ils renferment quelque 1700 milliards de tonnes de carbone, soit environ le double du dioxyde de carbone (CO2) déjà présent dans l’atmosphère.

Avec la hausse des températures, le permafrost se réchauffe et commence à fondre, libérant progressivement les gaz qu’elle neutralisait jusque-là. Et le phénomène devrait s’accélérer, selon les scientifiques.

La fonte du permafrost hypothèque déjà l’objectif, énoncé par l’accord de Paris, de contenir le réchauffement climatique nettement en dessous de 2°C par rapport à l’ère préindustrielle, voire 1,5°C, selon une étude scientifique publiée en septembre 2018.

Ses auteurs décrivent un cercle vicieux: les gaz émis par le permafrost accélèrent le réchauffement, qui accélère la fonte du permafrost.

D’ici à 2100, 30% à 99% du permafrost en surface pourrait fondre si le réchauffement climatique continue au rythme actuel, selon un projet de rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sur les océans et la cryosphère, qui sera officiellement dévoilé le 25 septembre.

La chercheuse Susan Natali, du Woods Hole Research Center, prévenait en 2015 que la fonte pourrait, selon le scénario le moins noir, libérer jusqu’à 160 milliards de tonnes de gaz à effet de serre.

Outre ses effets climatiques, la fonte du permafrost, qui abrite des bactéries et virus parfois oubliés, représente aussi une menace sanitaire.

Pendant l’été 2016, un enfant est mort en Sibérie de la maladie du charbon (anthrax), pourtant disparue depuis 75 ans dans cette région. Pour les scientifiques, l’origine remontait très probablement au dégel d’un cadavre de renne mort de l’anthrax il y a plusieurs dizaines d’années. Libérée, la bactérie mortelle, qui se conserve dans le permafrost pendant plus d’un siècle, a réinfecté des troupeaux.

Et la menace ne se limite pas à l’anthrax. Des chercheurs ont découvert ces dernières années deux types de virus géants, dont l’un vieux de 30 000 ans, conservés dans le permafrost.

Dans ces régions arctiques, que la fonte du permafrost a rendues plus accessibles pour l’industrie minière et pétrolière, les scientifiques préviennent que certains de ces virus pourraient se réveiller un jour si les hommes remuent trop en profondeur les sous-sols.

Enfin, la fonte du permafrost cause également de coûteux dégâts matériels : bâtiments écroulés, glissements de terrain, routes et tarmacs instables. Selon une étude publiée en décembre dans Nature Communications, elle menace, d’ici à 2050, jusqu’à 70% des infrastructures en Arctique, dont des champs pétrolifères et gaziers, et 3,6 millions de personnes pourraient être affectées par ces dégâts.

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