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Série de limogeages d’officiels à la suite des violences en Irak

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Photo: Chris McGrath/Getty Images
Rédaction - Agence France Presse

Les autorités irakiennes ont annoncé mardi les résultats de leur enquête sur une semaine sanglante de manifestations début octobre, prenant des mesures administratives, notamment de nombreux limogeages. Avec plus de 150 morts, ces décisions ne semblent pas satisfaire l’opposition et la rue qui a prévu de reprendre son mouvement vendredi.

La «Haute commission d’enquête» formée par le premier ministre Adel Abdel Mahdi a annoncé un bilan final de 157 morts, quasiment tous des manifestants, décédés en grande majorité à Bagdad, entre le 1er et le 6 octobre. Et «70%» d’entre eux ont été touchés à balles réelles «à la tête et au torse», selon le rapport d’enquête.

La Haute commission a en outre annoncé le limogeage de plusieurs commandants militaires dans sept des 18 provinces du pays, touchées par la contestation.

D’après le bilan officiel, 149 civils et huit membres des forces de sécurité ont été tués – dont 107 civils et quatre membres des forces de sécurité dans la capitale, où les affrontements se sont d’abord concentrés sur l’emblématique place Tahrir avant de gagner le turbulent bastion chiite de Sadr City, ensanglanté par une nuit de chaos.

Face à un mouvement qui dénonçait la corruption et réclamait des emplois, des services fonctionnels puis la chute du gouvernement, les autorités avaient ordonné de faire la lumière sur les violences, ne reconnaissant un «usage excessif» de la force par leurs hommes que lors de quelques incidents limités.

Dans son rapport, la Haute commission fait porter la responsabilité de certaines des morts sur les forces de sécurité, mais évoque également des «tireurs», sans les identifier.

Les autorités accusent depuis le début du mouvement des «tireurs non identifiés» postés sur des toits au-dessus des manifestants et des forces de l’ordre.

Le limogeage de commandants de diverses forces gouvernementales dans sept provinces du sud, dont Bagdad, doit être confirmé par le premier ministre Adel Abdel Mahdi, sous pression de la rue, qui appelle à reprendre les manifestations vendredi, jour du premier anniversaire de la prise de fonction du gouvernement.

Pour le politologue Essam al-Fili, ce rapport et ces limogeages «ne sont pas à la hauteur des morts et des blessés, côté manifestants comme côté forces de l’ordre».

Les autorités proposent «des sanctions administratives» sans «faire rendre des comptes à ceux qui se sont rendus coupables de crimes», affirme-t-il à l’AFP.

Et au-delà de la rue, «cela convaincra-t-il le grand ayatollah Ali Sistani?», la plus haute autorité religieuse de la plupart des chiites d’Irak, qui a donné jusqu’à vendredi au gouvernement pour répondre aux demandes des manifestants et faire la lumière sur les violences, interroge-t-il.

L’ancien premier ministre Haider al-Abadi, désormais dans l’opposition, a également dénoncé un rapport «désespérant» qui échoue à désigner les véritables responsables.

«Ce rapport fait état d’une désobéissance de responsables militaires et sécuritaires qui ont décidé d’ouvrir le feu contrairement aux ordres. Mais il n’explique pas comment cette « désobéissance » a duré plusieurs jours sans que le plus haut échelon de la direction ne reprenne le contrôle», accuse-t-il dans un communiqué.

Pour des défenseurs des droits humains et des Irakiens qui parviennent à s’exprimer sur les réseaux sociaux – toujours inaccessibles sans VPN -, les forces de l’ordre sont responsables de la mort des manifestants: soit elles ont tiré, soit elles n’ont pas su les protéger des tirs de snipers.

Mardi, l’Observatoire irakien des droits humains, une ONG réputée dans le pays, a qualifié le rapport officiel d’enquête de «désespérant», assurant qu’il «cache des vérités» et «se garde d’identifier les vrais criminels». «Ils essayent d’absorber la colère populaire», accuse-t-il encore.

Sur les réseaux sociaux toutefois, les appels à manifester vendredi continuent de fleurir.

Le mouvement, déclenché le 1er octobre de manière spontanée – fait inédit en Irak – pourrait même gagner en ampleur car l’influent leader chiite irakien Moqtada Sadr a incité ses nombreux partisans à y participer.

Au début du mois, alors que les manifestations et les violences déchiraient Bagdad et le sud du pays, il avait déjà exhorté le gouvernement, auquel il participe, à démissionner et réclamé des élections anticipées «sous supervision de l’ONU».

Et mardi soir, il a fait monter la pression d’un cran avec un communiqué annonçant «l’état d’alerte à compter de jeudi soir et jusqu’à nouvel ordre» pour ses partisans, ses unités combattantes, sa sécurité, ses députés face à «des circonstances révolutionnaires et le danger qu’elles engendrent».

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