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Les indigènes espèrent une alliance avec le pape pour sauver l’Amazonie

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Plus de 78 000 incendies ont ont été enregistrés depuis janvier en Amazonie. Photo: Victor Moriyama/Getty Images

«Je suis venue ici pour demander que ma terre soit défendue», explique à l’AFP Maria de Lourdes, de la communauté Sateré-Mawé au Brésil, qui espère, comme beaucoup d’indigènes venus au Vatican pour un synode inédit de trois semaines sur l’Amazonie, nouer une alliance avec le pape pour essayer de sauver ce territoire.

«Les incendies, les attaques des exploitants de la forêt, tout cela retombe sur nous les pauvres, qui souffrons», souligne cette guérisseuse coiffée de plumes sobres et arborant des colliers traditionnels qui ne parle pas portugais et s’exprime via un interprète.

«Nous demandons une action de l’Église [catholique] pour protéger notre terre», indique-t-elle, en soulignant qu’il «faut être reconnaissant à cette Terre qui nous donne tant».

Cette représentante d’une communauté qui a domestiqué une partie de la forêt pour cultiver la plante de guarana, aux propriétés médicinales reconnues, fait partie des invités d’un évènement parallèle au synode des évêques réuni par le pape depuis le 6 octobre, organisé par le Réseau ecclésial panamazonien (Repam). 

Comme la plupart des autres indigènes, Maria de Lourdes espère que le document final du synode remis au pape samedi «contiendra de bonnes nouvelles» pour les peuples d’Amazonie.

«Tout petits»

«Nous sommes tout petits, nous n’avons pas la possibilité de nous défendre et de faire en sorte que les puissants nous écoutent», abonde Jesucristo de Oliveira, de l’ethnie Maues, de l’État brésilien d’Amazonas.

Ce représentant de l’association des agriculteurs familiaux du Haut Arupadje, qui produisent du guarana organique, redoute une poursuite de la déforestation à cause de l’exploitation des bois précieux d’Amazonie.

«Le synode est le nouveau chemin pour que l’Église ouvre ses portes à son prochain. Pour qu’elle écoute et comprenne notre réalité», a-t-il ajouté.

Cette alliance entre les indigènes et l’Église dirigée par le pape François doit être basée sur le respect mutuel, sans porter atteinte aux cultures millénaires des peuples indigènes des neuf pays de la zone amazonienne.

Pour le missionnaire péruvien Roberto Carrasco qui a travaillé pendant près de dix ans dans ce territoire entre Pérou, Colombie et Équateur, «nous devons entrer dans une dynamique de dialogue interreligieux et comprendre la cosmogonie indigène».

«C’est le même Dieu qui nous parle, la différence c’est que les indigènes ont leurs propres valeurs, leurs formes d’expression et de langage», a-t-il souligné.

«Nous devons les comprendre et eux doivent nous comprendre. Il ne s’agit pas de les civiliser, nous ne sommes pas les civilisés, nous sommes ignorants devant tant de richesse et de merveille», a poursuivi le missionnaire.

L’évangélisation de l’Amazonie est l’un des grands défis de l’Église catholique, menée par le premier pape latino-américain de l’histoire, très conscient des erreurs et horreurs du passé.

À propos du nouveau rôle «éthique global» que doit jouer, selon lui, l’Église, Mauricio Lopez, secrétaire exécutif du Repam a souligné: «certains ne veulent pas que l’Église se prononce sur l’urgence climatique ou les atteintes aux droits de l’homme, mais c’est une obligation éthique pour l’Église».

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