L’OMS s’alarme du manque de nouveaux antibiotiques
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a averti vendredi que le manque de nouveaux antibiotiques menaçait la lutte contre la propagation des bactéries résistantes aux médicaments, qui tuent chaque année des dizaines de milliers de personnes.
L’agence spécialisée de l’ONU a publié deux nouveaux rapports sur le manque de nouveaux antibiotiques en développement.
«Jamais la menace de la résistance aux antimicrobiens n’a été aussi immédiate et le besoin de solutions plus urgent», a déclaré le directeur de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, cité dans un communiqué.
«De nombreuses initiatives sont en cours pour réduire la résistance, mais nous avons aussi besoin que les pays et l’industrie pharmaceutique s’impliquent davantage et apportent des fonds durables et de nouveaux médicaments innovants», a-t-il ajouté.
Une réelle menace
L’antibiorésistance (le fait que certaines bactéries finissent par devenir résistantes aux antibiotiques) est considérée comme une menace par l’OMS qui craint que le monde se dirige vers une ère dans lequel les infections courantes pourront recommencer à tuer.
Quelque 33 000 personnes meurent chaque année en Europe d’une infection résistante aux antibiotiques selon des données européennes, tandis qu’aux États-Unis les décès sont estimés à près de 35 000.
«Nous voyons que cela se propage et que nous sommes à court d’antibiotiques efficaces contre ces bactéries résistantes», a déclaré Peter Beyer, du Département des Médicaments essentiels de l’OMS, lors d’un point de presse à Genève.
«C’est l’une des plus grandes menaces pour la santé que nous ayons identifiées», a-t-il insisté.
Découverts dans les années 1920, les antibiotiques ont sauvé des dizaines de millions de vies en luttant efficacement contre des maladies bactériologiques comme la pneumonie, la tuberculose et la méningite.
Mais au fil des décennies, les bactéries se sont modifiées pour résister à ces médicaments.
Les bactéries peuvent devenir résistantes quand les patients utilisent des antibiotiques dont ils n’ont pas besoin, ou bien ne terminent pas leur traitement, donnant ainsi à la bactérie une chance de survivre et de développer une immunité.
Pour contrer cette résistance, l’OMS appelle au développement de nouveaux antibiotiques, mais ce processus est compliqué et coûteux.
Selon l’OMS, les 60 nouveaux médicaments qui sont en train d’être développés, dont 50 antibiotiques, pour traiter les agents pathogènes «apportent peu d’avantages par rapport aux traitements existants et seulement deux ciblent les bactéries les plus résistantes», dite bactéries à Gram négatif.
D’autres médicaments plus novateurs sont eux à l’étape des essais précliniques. Sur ces 252 derniers médicaments, les plus avancés ne pourront pas être disponibles avant une dizaine d’années environ, selon l’OMS.