Le «modèle norvégien» et le pétrole
Produisant près de 2 millions de barils par jour, la Norvège est le 14e producteur mondial de pétrole et pourrait constituer un exemple à suivre pour le Québec.
Maintenant que l’exploitation du pétrole au Québec devient une possibilité qui se retrouve au cœur des discussions sur notre avenir énergétique – qu’il s’agisse des «réserves» de l’île d’Anticosti, de celles de la Gaspésie ou encore de Old Harry, au large des Îles-de-la-Madeleine –, plusieurs intervenants parlent du «modèle norvégien».
La Norvège est effectivement un grand producteur de pétrole, le 14e au monde, avec près de 2 millions de barils par jour (le Canada en produit un peu plus de 3,5 millions). Mais contrairement au Canada, la Norvège est très transparente sur les activités de son industrie pétrolière.
Chaque année, l’organisme norvégien Petroleum Safety Authority publie un rapport sur les déversements et les fuites de pétrole. Il faut comprendre que l’exploitation norvégienne se fait principalement en mer. Le dernier rapport présente un état de la situation de 2000 à 2010.
Ce rapport révèle à quel point exploiter du pétrole, sur terre comme en mer, n’est pas chose facile. Même si le rapport fait état d’une réduction importante du nombre de fuites et de la quantité de pétrole déversée, on y apprend que plus de 85 tonnes ont été déversées au cours de 2010 seulement (ce qui en fait l’une des meilleures années, la pire étant 2007, avec 3 700 tonnes).
Certains vous diront que l’exploitation du pétrole en mer est beaucoup plus risquée que, par exemple, les projets de transport du pétrole des sables bitumineux par pipeline.
Pourtant, en juin dernier, même le Wall Street Journal, ce phare de la gauche socialiste, faisait état de ses inquiétudes au sujet de la sécurité des pipelines canadiens alors qu’en 30 jours, il y avait eu 3 déversements de 1 450, 3 000 et 5 000 barils. À environ 7 barils par tonne de pétrole, le plus petit de ces déversements a été plus important que tout ce que la Norvège a connu en 2010!
Imaginez un peu les dégâts que causent de 85 à 3 700 tonnes de pétrole déversées, année après année, sur les côtes de la Gaspésie, celles d’Anticosti ou encore carrément dans le golfe au large des Îles-de-la-Madeleine. Vous croyez que ça en vaut la peine?