Nettoyer les rues en échange de bières
Un noyau dur d’itinérants causait bien des maux de tête aux intervenants sociaux d’Amsterdam. Impossible de les déplacer ou de faire réduire le bruit qu’ils produisent. Chaque jour, les déchets s’accumulaient et les altercations avec les passants s’envenimaient. Une initiative a été imaginée pour pallier ces problèmes. Voici le groupe Arc-en-ciel, un organisme qui recrute des sans-abris, des toxicomanes et des personnes souffrant de problèmes mentaux et sociaux afin d’entretenir la propreté des rues. Pour chaque session de travail, l’ONG les récompense avec 10 € (15 $), 5 cannettes de bière et un peu de tabac. Jasperine Schupp, la porte-parole, explique le projet.
Comment vos recrues s’en sortent-elles?
Ce n’est pas une étude scientifique, mais nous avons observé quelques alcooliques sévères reprendre un peu de poids et boire plus modérément. La police et le voisinage ont tout essayé – des activités et des désintox –, mais rien ne fonctionnait. Alors que maintenant, ils ne se tiennent plus en groupe pour crier aux passants. On peut voir qu’ils sont fiers de leur boulot d’entretien du secteur. Ça leur a permis de tirer le meilleur d’eux-mêmes : ils viennent chaque jour à l’heure, à jeun, et deviennent plus sociables.
Est-ce que la communauté soutient votre démarche ou demeure sceptique?
Nous faisons effectivement face au doute. Pas parce qu’ils ne travaillent pas, mais parce que nous leur donnons de la bière. Ça fait partie de notre objectif de réduction des délits : nous acceptons le fait que les itinérants consomment de l’alcool, mais nous les guidons pour qu’ils boivent moins, et d’une façon qui cause moins de tord à la société. La police nous soutient et les gens du coin semblent contents.
Comment procédez-vous au recrutement?
Si vous faites bien du bruit dans un parc, nous vous approcherons. Les gens acceptent notre offre parce qu’ils souhaitent s’occuper et, bien sûr, ils veulent la récompense. Il n’y a qu’à voir l’environnement et le passé de ces personnes, rien d’autre n’a jamais fonctionné.
Est-ce que votre projet pourrait grandir?
Je l’espère. Aux Pays-Bas, nous travaillons pour une diminution des délits depuis des années. Mais il est difficile d’arriver à des résultats parce que les politiciens et les dirigeants ont peur de s’impliquer. D’un point de vue pragmatique, le groupe Arc-en-ciel est peu coûteux. J’espère que les politiciens peuvent y voir une idée judicieuse.