Amnistie dénonce les horreurs d’Alep
Les forces syriennes et les insurgés ont tous commis des crimes à Alep, dans le nord du pays, mais certains gestes des forces gouvernementales constituent des crimes contre l’humanité, a dénoncé hier Amnistie internationale.
Alep était auparavant la plus grande ville de Syrie et le cœur commercial du pays. Elle est divisée en secteurs contrôlés par le régime et les insurgés depuis que les rebelles y ont lancé une offensive, au milieu de 2012.
Les combats des trois dernières années ont anéanti des quartiers, provoqué une crise humanitaire et forcé des centaines de milliers de personnes à prendre la fuite.
Un nouveau rapport d’Amnistie internationale dénonce le recours aux barils explosifs – des contenants remplis d’explosifs et de morceaux de métal – par les forces gouvernementales dans les quartiers rebelles d’Alep.
Le groupe dit que la campagne militaire est à l’origine d’une «terreur et de souffrances inimaginables», et qu’elle a contraint des civils «à survivre sous terre pour échapper aux bombardements aériens sans fin».
«En ciblant sans fin et de manière délibérée les civils, le gouvernement syrien semble avoir adopté une politique sans pitié qui vise à punir collectivement la population civile d’Alep.»
Philip Luther, directeur d’Amnistie internationale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord
Amnistie affirme que les barils explosifs ont tué plus de 3000 civils dans le gouvernorat d’Alep l’an dernier, et plus de 11 000 dans le pays depuis 2012. «Des atrocités répandues, et particulièrement le bombardement aérien vicieux et sans fin de quartiers civils par les forces gouvernementales, rendent la vie des civils d’Alep de plus en plus insupportable. Ces frappes continues et répréhensibles contre des secteurs résidentiels témoignent d’une politique qui cible systématiquement et délibérément les civils lors d’attaques qui constituent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité», a déclaré Philip Luther, d’Amnistie.
Les groupes rebelles ont eux aussi commis des crimes à Alep en utilisant des armes imprécises – comme des mortiers et des roquettes improvisées – contre des quartiers contrôlés par le régime. Au moins 600 civils ont été tués lors de telles attaques en 2014, a dit Amnistie.