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Politique étrangère : «Le Canada retourne à son rôle humanitaire»

Liberal leader and incoming prime minister Justin Trudeau speaks to supporters at Liberal party headquarters in Montreal early Tuesday, Oct. 20, 2015. THE CANADIAN PRESS/Justin Tang Photo: Justin Tang/La Presse Canadienne

Le nouveau premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a déclaré mardi que le pays ne participera plus à la campagne de bombardements menée par la coalition américaine contre État islamique. M. Trudeau a annoncé au président américain, Barack Obama, que les six avions canadiens qui participaient aux missions de combat cesseront de frapper les positions du groupe intégriste. L’entrée du Canada dans la coalition a commencé en novembre 2014, d’abord en Irak, pour s’étendre à la Syrie en avril dernier.

Andrew Basso, expert de la politique canadienne à l’Université de Calgary, a expliqué à Métro que la décision du jeune premier ministre ne risque pas de froisser son allié américain.

Pourquoi le premier ministre Trudeau a-t-il décidé de sortir de la coalition?
Trudeau avait fait de ce retrait une promesse de campagne. Il faut cependant souligner que le Canada ne se retire pas complètement de la lutte contre État islamique. M. Trudeau veut que son pays s’implique davantage dans des missions humanitaires, notamment en offrant de l’assistance aux civils et en mettant à contribution ses forces armées pour entraîner le personnel militaire irakien. La campagne de bombardements, décidée dans l’urgence par la coalition, a freiné État islamique, et rien de plus. L’apport d’une aide humanitaire coordonnée et l’entraînement des forces régionales seront beaucoup plus importants, à long terme, que de simples bombardements.

Que signifie le retrait décidé par M. Trudeau?
Cela signifie que le Canada commence à déroger de la politique étrangère du «bombarder en premier, poser des questions ensuite» prônée par son prédécesseur, Stephen Harper. Bien qu’il soit indéniable que la campagne militaire ait réussi à arrêter la progression d’État islamique, les bombes ne sont qu’un pansement posé sur un problème qui est d’abord et avant tout politique, un pansement qui n’offre d’ailleurs aucune perspective de stabilité à long terme. Faire en sorte que les civils soient en santé et que les forces de la région puissent combattre efficacement l’ennemi est une voie beaucoup plus prometteuse pour venir à bout d’État islamique.

Est-ce que le retrait du Canada représente un recul pour la coalition?
Non, car le Canada devait mettre fin à sa mission en mars 2016. Donc c’est un geste politique habile, pour M. Trudeau, de terminer les opérations plus tôt. Il a informé M. Obama de sa décision, et M. Obama l’a approuvée. Le Canada va tout de même aider substantiellement la coalition en prodiguant de l’aide humanitaire et de l’entraînement, deux éléments qui sont, selon moi, beaucoup plus importants à cette étape du combat.

Est-ce que le rôle du Canada avait une quelconque importance sur le terrain?
La campagne de bombardements initiale était un succès, et c’était une bonne décision politique de l’entreprendre car la progression fulgurante d’État islamique devait être arrêtée. Maintenant que nos alliés au sol – particulièrement les Kurdes – combattent mieux et qu’État islamique a été freiné, c’est cependant le moment de passer à autre chose.

Le retrait du Canada peut-il nuire à sa relation avec les États-Unis?
Si le Canada devait complètement abandonner la coalition, les Américains seraient définitivement froissés et la relation entre les deux voisins deviendraient glaciale. Mais comme le Canada demeure engagé dans le combat, les deux pays devraient maintenir leur amitié.

Qu’est-ce que la nouvelle stratégie adoptée par le Canada envoie comme message aux autres puissances mondiales?
Cette nouvelle stratégie signifie que le Canada retourne à sa position traditionnelle d’assistance et d’humanitarisme, plus populaire à l’international comme au niveau domestique que la politique initiée sous le régime de Stephen Harper. Il ne fait aucun doute que les autres puissances, particulièrement celles d’Europe, accueilleront chaleureusement ce changement de visage et de ton dans la politique étrangère du Canada. Rien n’est moins sûr, cependant, en ce qui concerne la Russie…

 

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