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Le décrochage et l’hyper vigilance

décrochage

L’hypervigilance, un comportement motivé par la crainte, peut expliquer le décrochage des étudiants du cégep
et de l’université.

Dans ma chronique précédente, j’ai présenté les résultats d’une étude de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui montrait que, pour espérer un jour gagner un revenu suffisant pour faire partie de la classe moyenne, il faut acquérir des compétences de haut niveau.

Les jeunes commencent normalement à acquérir ces compétences au moyen de leurs études au collège ou à l’université, mais décrochent trop souvent sans les avoir terminées. Le décrochage peut donc mettre en danger l’avenir économique de ces jeunes, en plus de réduire grandement leurs perspectives de carrière.

Un communiqué de Statistique Canada, paru en octobre dernier et portant sur le parcours des étudiants du cégep et de l’université, permet de mieux comprendre à quel point ce danger est réel. Il nous apprend que, deux ans après son inscription à un programme collégial ou universitaire, environ un étudiant canadien sur cinq abandonne ses études. C’est donc 20% de ces jeunes qui décrochent, un pourcentage horrible, plus élevé que le taux de décrochage au secondaire.

Pourquoi l’abandon?

Pourtant, nos jeunes savent qu’ils ont besoin d’une bonne formation initiale pour trouver leur place sur le marché
du travail. Alors, pourquoi sont-ils si enclins à abandonner leurs études en cours de route?

Une réponse possible est qu’ils craignent de s’engager dans une voie qui ne leur conviendra pas.

En effet, dans un sondage maison mené par Academos, un organisme spécialisé en cybermentorat, 60 % des jeunes ont exprimé leur peur de ne pas trouver un emploi qu’ils aiment, un emploi où ils seront en mesure de s’épanouir et de progresser.

Ils craignent aussi que leur futur emploi soit trop exigeant et qu’ils n’aient plus de temps libre (49%) ou qu’on leur impose de mauvaises conditions de travail (43%).

Bien que la méthode utilisée ne permette pas de se fier à ces résultats, ils ne surprendront pas les intervenants qui travaillent auprès des jeunes.

Autrement dit, la plus grande peur de nos jeunes est de ne pas être heureux au travail. Cette crainte peut conduire à l’hypervigilance, un comportement par lequel le jeune cherche dans son environnement des justifications à sa peur, des raisons de continuer d’avoir peur.

Les jeunes hypervigilants chercheront donc dans leur programme de formation des indices leur faisant croire qu’ils ne seront pas heureux dans un emploi correspondant à ce programme. Ils ne trouveront presque jamais d’indices du contraire, car ils ont trop peur. Cela les conduira éventuellement à abandonner leur programme ou à changer de programme, puis à abandonner celui-là aussi.

Le premier geste à faire est donc de constater qu’on a peur et de ne pas interpréter toutes les petites difficultés vécues au cours des études comme une preuve qu’on n’est pas dans le «bon» programme.

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