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Surqualifiés ou surscolarisés?

Photo: Métro

Plusieurs diplômés universitaires occupent un emploi qui ne nécessite pas de formation supérieure. Sont-ils surqualifiés ou simplement surscolarisés?

Selon Statistique Canada, environ un jeune diplômé universitaire sur trois occupe un emploi qu’il aurait pu obtenir sans compléter une formation après le secondaire. Dans une chronique antérieure, j’ai décrit ces jeunes comme surqualifiés, car c’est ainsi que plusieurs économistes les décrivent. Mais ces jeunes sont-ils vraiment «surqualifiés» s’ils n’ont pas acquis les compétences de base nécessaires à l’insertion au travail? Ne faudrait-il pas les décrire plutôt comme surscolarisés?

C’est la conclusion à laquelle conduit un ouvrage récent de deux chercheurs, Richard Arum et Josipa Roksa. Ces chercheurs ont suivi environ 1 600 étudiants universitaires durant leurs études et 1000 d’entre eux pendant deux ans après leur diplomation de 2009. Leurs premiers constats confirment ce qu’on savait bien déjà, soit qu’il est de plus en plus difficile pour les jeunes diplômés américains de trouver un emploi de bonne qualité. Environ les trois quarts d’entre eux gagnaient si peu qu’ils étaient dépendants de leurs parents pour plusieurs de leurs dépenses deux ans après leur diplomation. À peine 25% d’entre eux étaient financièrement indépendants.

Dans un ouvrage qui vient de paraître, Aspiring Adults Adrift, ces chercheurs attribuent ces difficultés au peu d’efforts déployés par les universités pour faciliter la transition vers le marché du travail. Un grand nombre d’étudiants n’ont pas l’occasion de développer un plan de carrière ou de participer à des stages, ce qui leur permettrait d’augmenter leur employabilité.

Mais leur conclusion la plus importante est que bien des jeunes n’ont pas acquis, durant leurs études universitaires, les compétences de base qui leur permettraient de trouver un bon emploi. Parmi ces compétences, les auteurs mentionnent les habiletés de rédaction, l’esprit critique, la rigueur et la capacité de bien raisonner et de résoudre un problème. Malgré ces lacunes et souvent leur manque d’efforts, ils recevront un diplôme, ce qui leur laisse faussement croire qu’ils sont prêts à assumer les emplois auxquels ils aspirent.

Dans les faits, ne se retrouvent-ils pas dans des emplois de faible niveau parce que, après tout, ils n’ont pas acquis ces compétences de base et obtiennent donc le type d’emplois pour lesquels ils sont vraiment qualifiés? Ils sont alors surscolarisés plutôt que surqualifiés, ayant passé tout ce temps à l’école sans acquérir les qualifications nécessaires pour l’emploi.

Il faut dire que la plupart des diplômés qui ont participé à cette étude provenaient des sciences humaines et sociales. La situation est différente pour les diplômés des programmes à caractère plus professionnel, ceux du génie ou de la santé, par exemple. Ces programmes ont une visée plus claire, entretiennent des relations plus étroites avec les employeurs et offrent plus souvent des stages. Leurs diplômés accèdent donc plus facilement à des emplois intéressants.

Mais est-il acceptable de surscolariser ainsi autant de jeunes, qui deviendront souvent déçus et amers?

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