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Audace salutaire, péquiste et solidaire

CHRONIQUE – La tentation est puissante, sinon irrésistible, de se gâter sur les récents propos, outranciers, de Legault sur l’immigration. Le plus vieux dog whistling au monde, propre à chaque populiste dénué d’imagination, principes ou morale. Et si la cohésion sociale est effectivement en péril, le coupable est autre que l’immigrant pointé du doigt. Pensons plutôt au politicien de l’acabit mentionné.

Mais comme cette bêtise devient lassante, passons. Parce qu’il y a d’ailleurs, sous peine de réflexions, quelques trouvailles sympas, dans cette campagne.

Tous ceux qui en parlent mentionnent, à la presque unanimité, la campagne dite «positive» menée par le chef du PQ. Force est de constater la chose, même si, à titre perso, je m’en bats un brin: le critère de la bonne humeur et du jovialisme intéressés, sauf erreur, n’impacte en rien le contenu, et peut même y servir de paravent, voire de chimère. La plus-value péquiste réside, à mon sens, ailleurs: la conviction. Alors que peu de gens semblent actuellement s’intéresser à l’idée d’indépendance, le parti de Lévesque attaque de front. Oui, nous sommes indépendantistes. Oui, il s’agit de notre objectif premier. Oui, nous devons, OPC, sortir du cadre fédéral canadien. En désaccord? Et après? Ne préfère-t-on pas, en démocratie, une formation qui s’assume, qui se bat pour ses idéaux, et ce, au risque de voir son bateau couler au fond de l’abîme de l’électoralisme?

Idem, il va sans dire, quant à sa posture par rapport à la monarchie. Si plusieurs ont accusé Paul St-Pierre Plamondon de manquer de respect à la défunte reine, ici encore, on s’inscrit en faux: souligner l’incongruité d’un régime monarchiste et ses affres relève, particulièrement en moments sensibles, d’une admirable anti-hypocrisie, d’un irrésistible antidote à faux-culs.

Une fleur similaire à Québec solidaire. Dans une chronique récente, je soulevais son paradoxe inhérent, c’est-à-dire qu’en tirant vers le centre, il tend à se dénaturer, voire à se délester de ses racines.

Or, manifestement, son récent coup de barre administré à gauche allait dénouer le nœud gordien: pour chaque dollar d’actif supplémentaire à un million, d’annoncer QS, une taxe de 0,1% sera dorénavant prélevée. Sans surprise, tollé général. Imaginez donc: des avoirs de 10 millions qui vous obligeront, ô scandale, à verser un gargantuesque… 9000 $. Et l’année suivante? Assurément davantage, du simple fait de la fructification de vos placements. À en retrousser les moustaches de Staline, pas de doute. Paraît, à en croire certains, que le Québec est BEAUCOUP plus à gauche que le ROC. Jusqu’au moment du vote, faut croire.

Bravo aussi à la posture solidaire en matière indépendantiste, maintenant dénuée d’ambiguïté: oui, nous souhaitons un pays. Oui, nous organiserons un référendum lors du premier mandat. Oui, nous établirons un fonds public de plus d’un demi-milliard consacré à cet égard. Pas content? Vote ailleurs.

Le dessert pour la fin: tant les plans péquiste que solidaire, sur le plan environnemental, sont qualifiés par les experts de crédibles, audacieux et réalistes (avantage solidaire, cela dit). Oui, faudra changer les habitudes. Oui, on implantera du normatif. Oui, le party est fini. Seule avenue possible si l’on souhaite réellement, à minuit moins une, sauver l’humanité. Pas content? Vote ailleurs, bis.

Conclusion: peu importe les avis sur les propositions ci-haut, PSPP et GND élèvent le débat en refusant l’électoralisme à tout crin, le vote confortable et convenu. Ils plaquent, au final, des coups de pied dans la baraque d’une démocratie nécessiteuse, où les promesses du «je te donne 500 $ si tu votes pour moué» constituent, soyons sérieux, une insulte à l’intelligence citoyenne.

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