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Enseignement à distance: des professeurs laissés à eux-mêmes

Enseignement à distance: des professeurs laissés à eux-mêmes
Donner un cours en pyjama ou parler devant des écrans noirs sur Zoom : voilà ce à quoi se butent les professeurs depuis septembre. Photo: Stocklib
Alizée Balleux - L’École des médias de l'UQAM

Depuis mars, les professeurs ont dû revoir leur méthode d’enseignement de A à Z. Voyons comment les professeurs de l’UQAM ont su s’adapter depuis septembre à cette session majoritairement à distance.

Les défis sont nombreux pour les enseignants qui doivent composer avec les cours à distance. C’est la première fois qu’une session se déroule majoritairement à distance pour les étudiants collégiaux et universitaires de la province. Tous doivent s’adapter; les professeurs, les premiers.

«On parle à de jeunes adultes; c’est plate de devoir jouer à la police et ce n’est pas un rôle que je veux avoir», lance Jean-Hugues Roy, professeur en journalisme à l’UQAM. Ses collègues et lui ont dû se réinventer et user d’imagination afin de créer des évaluations sensées et réalisables en temps de pandémie. Cependant, pour adapter leurs cours, les professeurs accumulent les heures supplémentaires, la plupart du temps, non rémunérées.

Ricardo Penafiel, vice-président des relations intersyndicales à l’UQAM et professeur au Département de science politique, abonde aussi dans ce sens. Les heures supplémentaires se multiplient pour ses collègues et lui qui désirent offrir un soutien suffisant aux étudiants. «L’adaptation de ces cours n’est pas payée. […] Pour le bien des étudiants, on travaille contre nos intérêts corporatifs.»

M. Penafiel croit également qu’il y a un manque de ressources pour les professeurs. «C’est pire qu’un manque d’écoute, c’est un manque de reconnaissance, un déni de ses propres instances», dit-il.

Près de 70% des étudiants préfèrent suivre leurs cours «en mode caméra fermée»

Ensemble, seuls derrière nos écrans

Depuis le début de la pandémie, on parle beaucoup des impacts de l’isolement sur l’apprentissage. Mais les étudiants ne sont pas les seuls à être isolés. Les professeurs ressentent également le poids de la crise.

Pour la nouvelle professeure à l’École des médias de l’UQAM Kathleen Lévesque, c’est le contact humain qui lui manque le plus. S’étant tourné vers l’enseignement afin de partager ses connaissances, c’est une déception pour elle de ne pas pouvoir créer de liens forts avec ses étudiants.

«Le bonheur dans l’enseignement, c’est la rencontre avec les gens, c’est de pouvoir discuter, de se regarder dans les yeux et de pouvoir détecter l’authenticité de la personne», raconte celle qui a mis 30 ans de carrière en journalisme derrière elle pour se consacrer à l’enseignement.

M. Roy est d’avis que les appels en visioconférence sont «bons pour les relations one-on-one, ou à deux ou trois personnes», mais qu’au-delà, ça peut rapidement devenir difficile. Le professeur ne peut pas tâter le pouls de sa classe. Il n’a aucune idée du niveau de compréhension et d’assimilation de la matière chez ses élèves.

De son côté, Mme Lévesque privilégie une pédagogie d’entraide avec ses étudiants. Celle qui se voit comme un «guide» multiplie les rencontres Zoom depuis septembre. Elle est disponible pour répondre aux interrogations de ses étudiants en tout temps, même en dehors des heures de cours.

Il est possible de tirer comme conclusion qu’être professeur ces jours-ci est un travail à temps plein. Au sens propre. Matin, midi, soir : des professeurs dévoués répondent aux courriels de leurs étudiants. Ils ont fait de Zoom, cette plateforme pourtant méconnue en 2019, leur meilleure amie!

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