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Maître de l’organisation malgré son TDAH

Irène Diep. Photo: Isabelle Chénier, Métro

Bien qu’Irène Diep ait toujours eu de la facilité à l’école, l’organisation n’a jamais été son fort. Un symptôme attribuable à son trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) diagnostiqué il y a seulement deux ans. La clé pour s’en tirer? La planification et se prévoir plus de temps, confie-t-elle à Métro. Et son temps, elle l’a consacré à bon escient: l’instauration d’une assurance collective pour les 6000 étudiants du Collège Lionel-Groulx, à Sainte-Thérèse.

«Je n’avais pas prévu reprendre ce dossier-là quand j’ai décidé de m’impliquer dans mon association étudiante comme trésorière. Je voulais juste donner mon temps pour des causes sociales», souligne Irène, assise sur un banc du Parc Olympique.

Il n’y a pas eu de «prise de conscience révélatrice» chez la jeune femme de 20 ans, déjà bien au fait des «inégalités sociales accentuées au Québec par la pandémie». Plutôt, l’impulsion d’entreprendre ce grand projet est relativement simple : le mandat confié à son association étudiante d’instaurer un régime d’assurances collectives traînait depuis plusieurs années.

« Il n’y a jamais eu personne qui a entamé le projet en profondeur. Personne ne semblait être intéressé ou n’avait le temps de prendre en charge ce dossier qui demandait beaucoup de responsabilités et d’organisation ».

Elle admet également que sa motivation est «certainement liée à un enjeu personnel».

« Comme beaucoup d’autres gens de mon entourage, j’étais seulement couverte par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ). À chaque fois que je voulais consulter un professionnel, je devais débourser les frais de ma poche. »

Irène détourne soudainement son regard et prend un air absorbé. Il y a du mouvement autour d’elle qui l’intéresse. Une équipe d’entretien paysager a débarqué et s’affaire à tailler le gazon à proximité.

Nous décidons de nous relocaliser et poursuivons la conversation en marchant.

«Les démarches pour mettre en place un régime d’assurances collectives ont duré… huit mois», compte-t-elle sur ses doigts. Une période durant laquelle s’est occupée de former un comité, de contacter des sociétés d’assurances en plus d’analyser les différents plans de couverture. «Il y a eu une importante mobilisation auprès de la communauté étudiante : sondage pour connaître les besoins estudiantins et séances d’information pizza-questions pour que les étudiants puissent obtenir des réponses à leurs interrogations», cite-t-elle en exemple.

Les cégépiens ont pu finalement choisir leurs plans de régimes d’assurances collectives lors d’un référendum hybride, un mode choisi afin de rejoindre le plus de personnes possible. Des courriels ont été massivement envoyés aux étudiants pour qu’ils puissent voter leurs plans de couverture et des stands de vote ont été installés au cégep.

Un legs?

Ayant pris place sur un banc du parc Maisonneuve, Irène explique avoir passé sa dernière année collégiale au Cégep de Rosemont, après avoir déménagé dans une coopérative d’habitation du quartier. Elle ne pourra donc pas se prévaloir elle-même du régime d’assurances collectives qui sera mis en place au Collège Lionel-Groux à l’hiver 2024, selon les prévisions de l’étudiante.

Si cette dernière n’a pas pu collecter les fruits de son labeur, la jeune femme a récemment reçu une récompense substantielle pour son implication dans sa communauté. Elle est l’une des 20 récipiendaires d’une bourse d’études TD de 70 000 $.

Irène fige lorsque Métro lui demande si elle parvient à mesurer l’ampleur de son legs laissé aux milliers d’étudiants du cégep. Elle semble être tombée des nues.

«Je n’ai jamais pensé à ça comme ça. J’ai simplement vu qu’il y avait une nécessité d’assurer une certaine équité entre tous les étudiants au niveau de l’accès à des soins. Dans ma tête, ce “legs”, c’est le résultat d’un travail d’équipe. J’ai certainement eu un impact au niveau de la coordination, du leadership et de la délégation. Mais, ça n’aurait jamais pu se faire sans la collectivité.»

Voyant l’incidence positive de cette jeune femme sur la société, elle suscite une certaine curiosité : quel autre projet compte-t-elle entamer? Pour l’instant difficile à dire. «Je ne suis pas le type de personne qui se dit : “what’s next?”».

Alors qu’elle confie avoir songé à prendre une année sabbatique, elle s’écrie: «Excuse-moi, mais regarde! Elle est tellement mignonne!» Une petite chenille verte se traîne sur le dossier du banc de parc. La jeune femme passe un moment à l’observer. «Bon, qu’est-ce que je disais? Oui, donc mon rêve, c’est de partir en solo en Équateur et de passer un été à surfer et y découvrir la culture.»

Si la discussion avec Irène a été entrecoupée par ces genres d’écarts, cela a permis de confirmer au moins une chose : elle porte une très grande attention au monde qui l’entoure.

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