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Gastronomie automobile

Photo: Collaboration spéciale

En cette période de rentrée scolaire, vous vous remettez à concocter des lunchs (santé, on l’espère!). Mais, dites-vous, quel rapport avec l’automobile? C’est qu’il y a de plus en plus de bouffe dans nos véhicules.

Pas de farce : certains des aliments que vous utilisez en cuisine… se trouvent également dans nos «chars». Une lubie des constructeurs? Que non : cette gastronomie automobile est on ne peut plus sérieuse. Adieu le traditionnel «métal, plastique, verre» qui compose nos automobiles depuis plus d’un siècle, bonjour le soya dans les sièges (chez Ford), le bambou dans les haut-parleurs (chez Lexus), la paille de blé injectée dans les compartiments de rangement (encore chez Ford).

En vidéo: la chronique de Nadine Filion diffusée à Ça commence bien, à V
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En effet, ces «biomatériaux» veulent remplacer les plastiques à base de pétrole – la tendance est au renouvelable et au biodégradable. Une poussée d’écoconscience de la part des constructeurs? Ça va plus loin encore. Il faut savoir que ces matériaux réussissent à être plus durables et plus résistants que les traditionnels. De plus, ils sont plus légers – un net avantage dans la guerre contre le poids et, par conséquent, contre la consommation de carburant.

Surtout, ces fibres organiques utilisent des ressources renouvelables et leur fabrication exige généralement moins d’énergie (jusqu’à 30 % de moins), ce qui diminue les coûts de production. Et elles sont hautement recyclables – un aspect à considérer par les acheteurs soucieux de réduire leur empreinte écologique.

Ford : du soya sous les fesses…
Ford est un des premiers à avoir discouru sur l’«habitacle vert» avec l’utilisation de graines de soya dans le rembourrage de ses sièges. Aujourd’hui, quelque sept millions de ses véhicules sont pourvus de ces biosièges – tous ceux qui sont fabriqués en Amérique du Nord, de fait. Cette mousse de soya est aussi utilisée dans les appuie-tête et, pour le nouvel Escape, au plafond. En moyenne, quelque 31 252 graines de soya se retrouvent dans un véhicule Ford.

En faisant appel au soya, Ford dit pouvoir réduire annuellement de 2,3 millions de kilos sa consommation manufacturière de produits pétroliers – et réduire de 9 millions de kilos ses émissions de CO2. Le constructeur utilise également un biopolypropylène injecté de… paille de blé canadienne pour les vide-poches arrière de sa Ford Flex. Un bel avenir pour ce rebut des cultures canadiennes…

«Cette utilisation peut sembler restreinte, mais elle ouvre la porte à beaucoup d’autres applications,» dit Ellen Lee, experte technique en recherche sur les plastiques pour Ford. L’expérience a été rendue possible grâce au gouvernement de l’Ontario – rappelons que la Flex est assemblée à Oakville. Consoles centrales, panneaux intérieurs de portières, dessous de capots… Qui sait à quel menu sera intégrée la paille de blé canadienne dans les prochains véhicules Ford?

Cartons recyclés et vieux jeans au plafond
Chez GM, on ne craint pas de recourir à de vieux cartons d’emballage recyclés comme éléments acoustiques au plafond des luxueuses Buick. Le constructeur américain fait également appel à de vieux jeans et à de vieux tapis déchiquetés comme matériel insonorisant, une pratique qui commence à se répandre chez les autres constructeurs.

Entendez-vous ce bambou qui résonne?
Si on vous dit «hybrides», à quel constructeur pensez-vous de prime abord? À Toyota, bien sûr.

Maintenant, si on vous dit «bambou», pensez-vous à un quelconque constructeur? Sûrement pas.

Et pourtant, Toyota a commencé à utiliser cet élément de la nature qui pousse comme du chiendent dans la fabrication de ses haut-parleurs d’hybrides Lexus. L’oreille fine devrait pouvoir reconnaître une amélioration de 10 % de la vitesse sonique et une tonalité plus… naturelle.

À quand la voiture mangeable?
Est-ce que la table serait mise pour la voiture… mangeable?

Que non! En effet, avant de les intégrer plus avant dans les habitacles et, éventuellement, dans les carrosseries et les châssis, les constructeurs doivent s’assurer que ces biomatières respectent, voire dépassent, les normes de résistance, d’expansion thermique et de dégradation imposées par l’industrie.

On ne voudrait pas que ces plastiques «à la carte» commencent leur processus de décomposition… avant la fin de vie utile du véhicule, n’est-ce pas?

Le secret de la recette? Que ces écomatériaux soient acceptés par les consommateurs. Pour cela, ils doivent se faire le plus imperceptibles possible.

Car… qui veut que son habitacle automobile laisse passer des effluves de blé canadien, de soya ou de sushi?

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