COVID-19: une «pénurie» d’iPhones affectera les revenus d’Apple
Apple n’atteindra pas ses objectifs de ventes ce trimestre à cause de l’épidémie du nouveau coronavirus (COVID-19), signe que le ralentissement de la production et de la consommation en Chine affecte de plus en plus sérieusement les grands groupes.
La crise sanitaire pèse aussi bien sur l’offre que sur la demande. Le géant des technologies cite des difficultés d’approvisionnement en iPhones, fabriqués en Chine, et la demande pour ses produits alors que ses magasins sont fermés dans le pays.
Fin janvier, lors de la publication de résultats records grâce à une forte demande pour la gamme d’iPhone 11 sortie avant les fêtes, Apple avait déjà souligné que l’épidémie entraînait des incertitudes.
Le groupe avait donc donné une fourchette de prévision de chiffre d’affaires pour son deuxième trimestre plus large que d’habitude, entre 63 et 67 milliards de dollars.
Mais l’entreprise américaine n’envisage plus d’y parvenir, même si la production en Chine «commence à reprendre».
Apple a des sous-traitants dans la région de Wuhan, l’épicentre de l’épidémie, mais aussi des fournisseurs alternatifs.
COVID-19 affectera Apple
«Le retour aux conditions normales prend plus de temps que nous n’avions anticipé», détaille le groupe californien, évoquant une «pénurie d’iPhones qui va temporairement affecter nos revenus dans le monde».
En termes de demande, l’entreprise précise qu’elle n’a diminué qu’en Chine.
«Nous sommes en train de rouvrir progressivement nos magasins et nous allons continuer, de la façon la plus régulière et la plus sûre possible», précise Apple, ajoutant que ses bureaux, centres d’appel et magasins en ligne n’ont jamais cessé de fonctionner.
Depuis l’apparition de la maladie en décembre à Wuhan (centre), plus de 1800 personnes sont décédées et plus de 72 300 ont été contaminées en Chine continentale, selon les derniers chiffres officiels publiés mardi.
«Nos pensées vont d’abord vers les communautés et les individus les plus touchés par la maladie (…). Apple va plus que doubler sa donation précédemment annoncée pour soutenir cet effort historique de santé publique», a déclaré le groupe américain.
La directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva a chiffré l’impact à 0,1-0,2 points en moins pour la croissance mondiale, mais a souligné qu’il était encore très difficile d’évaluer l’impact pour l’économie.
Apple n’est pas le premier groupe à modifier ses prévisions à cause de la pneumonie virale.
La semaine dernière, Pernod Ricard a révisé à la baisse son objectif annuel de résultat opérationnel courant organique, car la Chine est son deuxième marché, où il réalise 10% de ses ventes.
L’industrie du luxe est particulièrement concernée. Kering (Gucci, Yves Saint Laurent, etc) a ainsi enregistré une forte baisse de ses ventes en Chine continentale et la maison d’habillement Burberry a averti d’un «impact négatif important».
Plusieurs constructeurs automobiles sont aussi affectés par le bouclage de la ville de Wuhan. Le deuxième constructeur chinois, Dongfeng, y est implanté, tout comme de multiples sous-traitants, ainsi que les français Renault et PSA.
Le japonais Toyota et l’allemand Volkswagen ont eux dû retarder la reprise de la production dans leurs usines d’assemblage.
Le constructeur de véhicules électriques haut de gamme Tesla a annoncé, lors de la publication de ses résultats fin janvier, que sa méga-usine de Shanghai devrait être fermée sur injonction du gouvernement chinois, ce qui causerait des retards dans la production du Model 3 et pourrait légèrement affecter les profits trimestriels du groupe.
Disney a de son côté estimé que ses parcs d’attraction à Shanghai et à Hong Kong pourraient perdre 280 millions de dollars en tout, s’ils restent inaccessibles pendant 2 mois.
À Bruxelles, le président de l’Eurogroupe, cénacle des 19 ministres des finances de la zone euro, a dit lundi s’attendre à un impact «temporaire» du nouveau coronavirus sur la croissance européenne.
«L’apparition et la propagation du coronavirus et son impact sur la santé publique, les vies humaines et l’activité économique sont une source de préoccupation croissante», avait souligné jeudi la Commission européenne dans un communiqué.