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James Cameron au plus profond des abysses

Seth Borenstein, The Associated Press

WASHIGTON, États-Unis – Amoureux fou de la mer et de ses profondeurs, le cinéaste James Cameron est devenu lundi le premier homme à descendre en solo dans la Fosse des Mariannes, le point le plus bas de la croûte terrestre, à près de 11 kilomètres de fond.

À bord du bathyscaphe «Deepsea Challenger», le réalisateur canadien de «Titanic», «Abyss» et «Avatar» a atteint son objectif à 8h locales dans cette fosse de l’océan Pacifique située à 320 km au sud-ouest de l’île de Guam, a précisé la National Geographic Society, parrain de son expédition.

L’océanographe suisse Jacques Piccard et le capitaine de vaisseau américain Don Walsh sont les deux seuls autres humains à avoir réussi cette descente. Ensemble, ils avaient passé vingt minutes au fond de l’abysse le 23 janvier 1960, sans avoir pu voir grand-chose en raison du nuage de sable dégagé lors de leur atterrissage.

Après avoir atteint la profondeur de 10 898 mètres, Cameron est resté au fond pendant environ trois heures, bien qu’il ait prévu à l’origine d’y passer six heures, selon son équipe. Sur place, il a collecté des échantillons à des fins de recherche en biologie marine, microbiologie, astrobiologie, géologie marine et géophysique.

Le cinéaste n’a pas oublié son métier puisqu’il a également effectué des prises de vue en 3D qui serviront à illustrer un documentaire destiné au cinéma, puis à la télévision.

La descente a pris deux heures et 36 minutes, mais la remontée «a été plus rapide que les 70 minutes prévues», selon National Geographic.

À son retour, un Cameron en bonne forme apparente a dit avoir vu un paysage «lunaire, désolé». En bas, on ressent «plus que tout un sentiment d’isolement. On réalise qu’on est minuscule dans ce grand espace inconnu, sombre et inexploré», a-t-il dit lors d’une téléconférence de presse.

«Il y a eu un moment où je me suis tout simplement arrêté, j’ai saisi l’instant et je me suis dit: ‘Voilà où je suis, au fond de l’océan, l’endroit le plus profond de la Terre. Cela signifie quoi?’.»

«Ce voyage est le point culminant de plus de sept ans de préparation», avait confié Cameron avant sa plongée. «Mais ce qui a surtout de l’importance, c’est le fait de pouvoir repousser les limites de l’exploration humaine, de voir ce qu’on peut découvrir et de l’analyser ensuite».

Outre sa profondeur sous-marine, la taille de la Fosse des Mariannes donne une autre idée de la magnitude de cette épopée: elle fait 120 fois la largeur du Grand Canyon et sa profondeur propre dépasse de 1,5 km la hauteur de l’Everest.

Long de sept mètres, le bathyscaphe couleur vert pomme construit en Australie était équipé d’un bras manipulateur, de caméras HD permettant d’avoir des images en IMAX ou 3D, des sondes permettant de mesurer la température, la salinité et la pression, ainsi qu’un aspirateur chargé de recueillir de petits organismes. Là, une fuite hydraulique a empêché ce dernier de fonctionner lundi.

Il faut dire qu’à 11 km de fond, la pression est colossale: elle est à peu près équivalente à trois véhicules 4×4 reposant sur votre gros orteil… Une micro-fuite et le bathyscaphe implose immédiatement. Lors de la plongée de lundi, le diamètre du submersible s’est rétréci de sept centimètres.

Ce passionné d’océanographie et d’exploration sous-marine compte à son actif 72 plongées profondes dans le Grand bleu, dont 33 consacrées à l’épave du «Titanic», sujet de son énorme succès de 1997 sur grand écran.

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