Le cirque social s’implante dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve
Un nouveau pôle circassien a été inauguré le 25 mai dans l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve (MHM), en présence de plus de 500 personnes. Implanté dans l’édifice Emmanuel-Arthur-Doucet, le lieu est animé par Cirque Hors Piste, un organisme se consacrant au cirque social pour les jeunes marginalisés.
Auparavant situé à l’intérieur de l’église Sainte-Brigide-de-Kildare, dans le quartier Centre-Sud de Montréal, c’est au 3622, rue Hochelaga que l’organisme a pignon sur rue depuis le début du mois de janvier. «Depuis janvier, nous avons fait un travail de réaménagement. L’inauguration s’est faite plus tard, car nous voulions nous sentir prêts, et que l’espace soit plus vivant», explique Karine Lavoie, directrice générale.
Cirque Hors Piste, c’est un milieu de vie où cohabitent artistes et jeunes marginalisés. Le but? Développer l’art du cirque comme un outil efficace de lutte contre l’exclusion sociale. En plus de contribuer au rayonnement culturel de l’arrondissement, ce nouveau pôle permet d’allier cirque social, services aux artistes, laboratoire de création et loisir circassien.
«Notre population cible est les jeunes de 15 à 30 ans qui sont en situation de grande précarité, d’itinérance, ou qui ont des enjeux liés à la toxicomanie, spécifie Mme Lavoie. Cette tranche d’âge représente une période de transition vers l’autonomie et la vie adulte. Notre organisme vient donc créer un filet social autour du jeune pour l’appuyer dans son parcours de vie.»
Les artistes de l’organisme sont utilisés comme outil d’intervention sociale auprès de ces jeunes marginalisés par la mise en place d’une pluralité d’activités tout au long de l’année. L’été, ces artistes se rendent directement dans la rue pour rejoindre au mieux les jeunes de l’arrondissement, prendre contact avec eux, et créer un lien de confiance.
«Personnellement, j’ai découvert l’organisme dans un parc, indique Mike Houle, jeune participant de 23 ans. Ils distribuaient des papiers sur la tenue d’une création collective. Cela m’a tenté, car je voulais essayer quelque chose de nouveau. Je portais déjà un intérêt pour l’art, mais n’avais aucun attachement particulier pour le cirque. J’ai été vraiment surpris d’aimer ça.»
En plus d’avoir aidé Mike à viser l’abstinence en raison de sa toxicomanie, l’organisme lui aurait permis d’affirmer son identité. «Je n’aurais jamais pensé avoir la capacité de dire que je voulais changer de prénom et d’identité, mais avec eux, j’ai pu le faire, car il n’y avait aucun jugement.»
Pouvoir affirmer mon identité a changé ma vie. C’était quelque chose de gros pour moi, et c’est grâce au cirque social que j’ai enfin pu être moi-même.
Mike Houle, jeune participant de Cirque Hors Piste.
Le jeune explique aussi avoir pu se faire de nouveaux amis. «Chaque fois qu’il y a une activité ou une création collective, je suis présent», affirme-t-il. La dernière création en date à laquelle Mike a participé était une production théâtrale où il fallait représenter la notion du pouvoir au moyen de son corps. «On a pu inviter des gens de notre entourage pour la représentation. Le fait de pouvoir montrer à nos amis ce qu’on avait construit apporte une certaine fierté et une certaine confiance en nous», confie celui qui aimerait continuer dans le domaine du cirque et de l’intervention, en devenant pair aidant au sein de l’organisme.
Cirque Hors Piste collabore avec d’autres organismes du secteur communautaire de l’arrondissement, tels que Les Auberges du Coeur, et offre parfois des repas aux jeunes participants. «On a une belle mixité entre les jeunes des quartiers du Centre-Sud et de MHM», constate la directrice générale, qui souhaite que l’organisme reste au sein de l’édifice Emmanuel-Arthur-Doucet aussi longtemps que possible.