Le Canada en stage au royaume du handball
À l’ombre du 25e Championnat du monde de handball qui vient de s’ouvrir en France, l’équipe nationale canadienne effectue un stage dans la banlieue de Paris. L’objectif? Aguerrir une nouvelle génération de joueurs et profiter, un peu, de la fête.
Portant des tenues héritées des derniers Jeux panaméricains et frappées de la feuille d’érable, sourire aux lèvres, la vingtaine de joueurs de l’équipe canadienne de handball occupe la salle commune d’un modeste gymnase de la banlieue parisienne, à Ivry-sur-Seine.
Le séjour, programmé en même temps que le 25e Mondial, qui se termine le 29 janvier, est ambitieux. Alexis Bertrand, sélectionneur national bénévole depuis un an et ex-pro ayant fait une honnête carrière outre-Atlantique de 2003 à 2011, veille à ce qu’un maximum de rigueur entoure le stage qu’il a organisé.
Logique, avec 12 matchs prévus en 10 jours contre des équipes aux niveaux hétérogènes (depuis la cinquième division française jusqu’au niveau international, face au Bahreïn), il faut rentabiliser le temps passé au pays des Nikola Karabatic, Luc Abalo et autres Thierry Omeyer, les références mondiales qui paradent à moins de 5 km.
Qualification olympique
«Pour nous, c’est un moment important», glisse Bertrand, qui travaille par ailleurs comme préparateur physique. On veut jouer un maximum pour que les joueurs prennent de l’expérience, pour bâtir un nouveau groupe après les départs de la précédente génération, en 2015. On a ainsi regroupé à la fois des juniors et des seniors. L’idée est de partir sur un cycle de deux ans pour viser une qualification… pour les qualifications olympiques de 2019. Être en France est l’occasion d’avoir des matchs de qualité, car avec seulement 3 000 licenciés [au Canada], une fois qu’on a rassemblé les meilleurs joueurs, il ne reste plus personne en face.»
Il a donc fallu prendre l’avion. Et profiter de l’accueil du club d’Ivry, deuxième formation la plus titrée de France, qui était d’ailleurs venue en tournée au Québec après son championnat gagné en 1983. Une période post-Jeux de Montréal où la balle pégueuse a eu un certain succès dans le pays concomitamment à sa présence dans les écoles, en éducation physique.
«On vient un peu au handball par hasard, confirme Alexandre Touzel, enseignant en mathématiques et joueur de la base arrière âgé de 24 ans, qui réside à Saint-Constant, en Montérégie. J’ai joué au hockey jusqu’à 16 ans, mais à partir de 12 ans, j’ai découvert le handball à l’école. Pour moi, c’était du hasard total, mais j’y ai vite pris goût grâce aux sélections régionales qui sont arrivées assez vite, et me voilà dans l’équipe nationale.»
Au cours des différents matchs disputés pendant le stage, certains joueurs ont su tirer leur épingle du jeu. À l’image de Marc-André Vachon, 25 ans, qui vient de Québec. Initialement joueur de baseball et de football, il a, lui aussi, glissé vers le handball à l’adolescence. Il tente d’ailleurs depuis août dernier de percer en France, du côté de Strasbourg, dans un club qui possède des équipes en troisième et en cinquième division : «L’idée est d’essayer, de voir si je peux atteindre le haut niveau. C’est un défi personnel, un truc pour moi. Depuis que je suis arrivé, ça se passe plutôt bien, je progresse grâce aux cinq ou six entraînements par semaine. J’espère que je vais pouvoir grimper dans les divisions, me faire remarquer.»
Et goûter, pourquoi pas, à la reconnaissance dont jouissent les pros qui s’illustrent en Europe. En attendant, la sélection nationale aura eu le plaisir de participer, depuis les tribunes, à la grande fête pour deux matchs dans l’antre de Bercy, le temple du handball tricolore. «On va pouvoir apprécier le très, très haut niveau», conclut Alexandre Touzel avant d’enchaîner, hilare : «Et certains de nos adversaires continentaux, contre qui on prend des dégelées, sont présents. Mais là, ce sont eux les outsiders; on va voir comment ils vont s’en sortir.»
Le handball au Canada
Au Canada, «micronation» de la discipline, le handball a été introduit par les immigrants allemands, tchèques, hongrois et autres.
Les fédérations provinciales sont affiliées à la fédération nationale, qui a été créée en 1966. Tous les ans, les meilleures équipes provinciales de chaque catégorie (juvénile, junior et senior) se retrouvent quelques jours (en mai) pour se disputer le titre de champion.
Le handball s’apprend dans certaines écoles du pays ou dans des clubs tels que les Celtiques de Montréal ou le Club de handball de Lévis.