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Académie de l’Impact: Une génération plus tard

Photo: Josie Desmarais/Métro

Huit ans après ses premiers dribbles, l’Académie de l’Impact de Montréal s’est forgée une place de taille parmi les centres de formation de la Major League Soccer (MLS). Portrait d’un club qui s’illustre dans le développement de ses jeunes joueurs.

L’Académie de l’Impact a émis ses premiers balbutiements en mars 2010. C’est après avoir rompu les liens avec l’Attak de Trois-Rivières, son ancien club des moins de 23 ans, que l’Impact a accolé son logo à sa toute nouvelle équipe réserve. Aujourd’hui, le club montréalais supervise 9 équipes, de la catégorie des moins de huit ans (U8) aux moins de 19 ans (U19).

«Ce n’était pas facile au départ, parce qu’on partait d’une page blanche, se remémore le directeur de l’Académie, Philippe Eullaffroy. C’est-à-dire aucun terrain, aucun joueur, aucun ballon, aucune idée de la manière dont on voulait développer.»

Les responsables du jeune projet ont dû «se mettre à la planche à dessin», relate celui qui est aussi entraîneur de l’équipe U19.

«Partir de zéro, ça te permet de mettre de nouvelles idées en place et de commencer sans a priori, lance M. Eullafroy. Sept ans plus tard, on arrive à une Académie qui est parmi les meilleures de la MLS.»

Le milieu de terrain de l’Impact Mathieu Choinière, qui a signé avec l’Académie en 2011, à l’âge de 12 ans, affirme qu’il est impossible de négliger la formation de l’Académie dans son développement.

«On peut dire que c’est la base de mon succès, convient-il. Depuis le début, tout le staff technique me met dans les meilleures dispositions pour être à mon mieux.»

À la mi-juillet, le natif de Saint-Alexandre a signé son premier contrat professionnel en MLS, à seulement 19 ans.

«C’est le fun de voir que le club s’intéresse aux joueurs du Québec. Ça donne confiance aux joueurs de l’Académie qui se disent: “OK, je peux percer dans ma ville.”» – Mathieu Choinière

Assez de gradués?
Le défenseur Karl W. Ouimette, qui a joué pendant trois saisons avec l’Impact, est le premier produit de l’Académie à avoir porté le maillot du club en MLS. Une dizaine de joueurs ont depuis fait de même.

Parmi ceux-ci, Anthony Jackson-Hamel, qui a compté le plus de buts et joué le plus de matchs parmi les anciens du centre de formation, et Ballou Jean-Yves Tabla, qui a signé cette année un contrat avec le club formateur d’une des meilleurs équipes de soccer au monde, le FC Barcelone.

Philippe Eullaffroy estime que voir des anciens joueurs devenir professionnels «valide le travail» de l’Académie.

L’analyste au Réseau des sports (RDS) et ancien joueur de l’Impact, Patrick Leduc, pense que ce n’est pas assez. «Il manque quelque chose à l’Académie comme il manque quelque chose au soccer québécois: c’est qu’on développe des joueurs, mais dans quel but?, dit-il. Pour l’Académie, c’est de les amener au niveau professionnel, mais il manque une étape.»

Cette étape manquante, selon M. Leduc, c’est le FC Montréal. Cet ancien club de réserve a été créé en 2015 avant de plier bagage moins de deux ans plus tard.

Plusieurs formations de la MLS, comme le Toronto FC, possèdent des club-écoles entièrement constitués de joueurs formés en académie. Le Bleu-blanc-noir fait plutôt affaire avec le Fury d’Ottawa, de la USL, en prêtant certains joueurs.

«C’est comme si on avait une école secondaire et un cégep d’excellent niveau, illustre M. Leduc. Mais on n’offre plus l’université, et on dit au joueur qu’il va quand même aller sur le marché du travail.»

Selon lui, le Fury ne remédiera pas à la situation.

Presque première de classe
Environ 23% de l’alignement montréalais, soit 7 joueurs, provient de l’Académie, ce qui le classe au 6e rang des 30 clubs de la MLS, derrière le FC Dallas, les Red Bulls de New York, le Toronto FC, et les WhiteCaps de Vancouver et le Real Salt Lake.

«Il y a beaucoup de positif avec l’Académie, observe Patrick Leduc. Elle a établi un nouveau standard de professionnalisme. La Fédération [de soccer du Québec] avait un programme de bonne qualité, mais je pense que l’Académie amène ça à un niveau supérieur.»

Interrogé sur les méthodes qui ont permis à l’Académie de se hisser à ce niveau après à peine huit ans — l’Académie des Red Bulls, en comparaison, a été lancée en 2003 —, Philippe Eullaffroy évoque une formule à trois ingrédients.

«C’est une idée directrice forte, affirme-t-il. C’est la qualité des [entraîneurs]. Et c’est le potentiel des jeunes joueurs au Québec. On ne pourrait pas investir l’un sans l’autre.»

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