Ali Gerba, le lion que l’Impact n’aura pas réussi à dompter
Demandez à Ali Gerba de se définir et il vous répondra tout bonnement : «un lion indomptable.»
Pour avoir partagé quelques fois un terrain de soccer avec Ali, je n’utiliserai qu’un seul mot pour décrire l’ancien attaquant de l’Impact : «bestial».
«Qui ressemble à la bête par son physique, son comportement, ses penchants ; se dit de ce physique, de ce comportement : Un instinct bestial.»
Le Larousse ne pourrait être plus juste. Ali Gerba, l’un des meilleurs joueurs de soccer que le Canada a vu grandir, c’est en plein ça.
Il faut dire que les souliers d’Ali ont beaucoup voyagé. Originaire du Cameroun, il n’était âgé que de 12 ans quand sa famille s’est posée au Québec. Puis, il y a eu le soccer, une passion qui le mènera à jouer pour l’Impact de Montréal dès l’âge de 18 ans. Ensuite, il y a eu les États-Unis, la Suède, la Norvège, le Danemark, l’Allemagne et l’Angleterre avant de finalement revenir à la maison avec l’Impact, en 2010.
De retour au Québec, Ali a tout cassé: 12 buts en 20 matchs. Assez pour remporter le prix du meilleur joueur de la Fédération de soccer du Québec, honneur qu’il raflait pour une 4e année de suite.
Malgré tout, même s’il restait encore un an à son contrat, l’Impact l’a renvoyé chez lui avant son entrée en MLS, en 2012. Le lion était-il devenu plus gros que le club? Était-il trop difficile à gérer? À ce jour, Ali n’en a aucune idée.
« Je n’ai jamais vraiment compris et on ne m’a jamais donné l’heure juste. On me reprochait même de ne pas assez sourire…Un attaquant au soccer se doit d’être arrogant et d’avoir cet instinct animal. Regardez Drogba, par exemple.»
Après une carrière de 12 ans, l’actuel homme d’affaires a appris à accepter l’échec, un processus qui l’a mené vers la réussite. C’est dans cette optique que le joueur retraité viendra aborder le sujet, vendredi, dans le cadre du FAIL Camp, une série de conférences qui vise à briser les tabous.
«L’échec, c’est un état d’esprit. Tu ne peux connaitre le succès si tu n’a pas connu l’échec. Dans l’échec, j’ai beaucoup appris. Quand je connaissais un mauvais match, la seule personne qui pouvait me dire la vérité, c’est la personne en face de mon miroir.»
Depuis 2013, Ali travaille à mettre sur pied l’Académie internationale de soccer Ali Gerba, une école où seraient formés les meilleurs espoirs du Québec et du Canada. Le projet évalué à quelque 20 millions $ qui devait être lancé en 2014 à Saint-Georges, en Beauce, tarde toutefois à voir le jour, faute de financement. Mais, connaissant Ali, ça ne s’arrêtera pas là. Ce n’est qu’un début.
Malgré ses différents avec le onze montréalais, il n’a aucune amertume. C’est un fan, un grand fan de soccer avant tout.
«Je n’ai pas de rancune. Si je continue à parler de ça, c’est comme si je laissais quelqu’un habiter dans ma tête sans payer de loyer. J’aime Montréal, j’adore le soccer et je suis très fier d’avoir porté les couleurs d’une équipe comme l’Impact.»
Non, le lion n’est pas méchant. Avec un peu de chance, vous le croiserez sans doute cet été dans les gradins, au Stade Saputo.
Le sourire aux lèvres et toujours prêt à blaguer, ça c’est Ali tout craché.
Pour plus de détails sur le FAIL Camp et ses conférenciers : http://fail.camp/