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Suite aux attentats du 11 septembre, elle avait 82% du corps brûlé

Lauren Manning - Collaboration spéciale

Elle a failli mourir brûlée quand le World Trade Center a été attaqué et détruit il y 10 ans. Responsable de services financiers, Lauren Manning revient pour Métro sur les moments-clés de sa survie miraculeuse lors des attentats et de son long rétablissement. Voici quel­ques extraits très touchants de son journal intime.

11 septembre 2001
Je prends un taxi pour le World Trade Center, où je travaille pour les services financiers de la société
Cantor Fitzgerald. Je me souviens être ennuyée de mon retard. Alors que j’entre dans le hall de la tour nord, je suis littéralement engloutie par un mur de feu et mon corps est brûlé à 82 %. Je fuis en courant l’immeuble en flammes. Je me souviens avoir sim­ple­ment envie de fermer mes yeux et de me laisser envahir par la douleur qui monte en moi. Mais la vi­sion de mon fils de 10 mois m’aide alors à trouver la force de me battre. Dans ma tête, il est clair que j’ai fait un choix : j’ai décidé de survivre.

L’effondrement des tours a pris des milliers de vies. Des centaines de mes amis et collègues sont morts. Moi, j’ai eu la chance d’être prise en charge par le William Randolph Hearst Burn Center, un hôpital spécialisé dans les grands brûlés. Après les attentats, je suis placée dans un co­ma artificiel, un état dans lequel je resterai pendant six se­ma­ines. Jusqu’au jour où je rouvre les yeux et décide de continuer à me battre pour rester en vie, alors que mes chances sont encore infimes deux mois après les attentats.
 
11 novembre 2001
Je ne suis toujours pas capable de marcher, ni mê­me de m’asseoir, mais je peux enfin reparler pour la première fois. C’est ce jour-là que je surprends mon ma­­ri, Greg, en lui murmurant un «Bonjour», alors qu’il entre dans ma chambre.

12 décembre 2001
Je suis transférée au centre Burke Rehabilitation Hospital, un centre de réa­daptation où j’entame un programme intensif de phy­siothérapie et d’ergo­théra­pie. Je me souviens que la première fois que j’ai vu mon visage dans le miroir, j’ai vu les mêmes yeux qu’avant, mais ma figure res­sem­­blait à celle d’un boxeur qui aurait pris un bon coup.

Mars 2002

Six mois et quatre jours après avoir quitté mon domicile pour aller au travail, je rentre enfin chez moi. Je me revois faisant les derniers pas, main dans la main avec Greg jusqu’à notre appartement tandis que mon fils, qui m’a donné la force de survivre, fait la sieste. Je me souviens en­co­re que, lorsqu’il s’est réveillé, nous avons partagé une part de son gâteau d’anniversaire qui avait été gardé au congé­lateur puisque j’avais raté son premier anniversaire.

11 septembre 2002
Pour le premier anniver­saire des attaques du 11 septembre, il fait à nouveau grand soleil, exactement comme un an auparavant. Avec l’aide de Greg, j’ai pu marcher plusieurs pâtés de maisons pour attraper un taxi pour arriver à l’heure à la cérémonie et prendre la parole. J’étais  encore couverte de vêtements compressifs. J’étais toujours aux premiers stades de la guérison, et chaque étape entraînait toujours plus de fatigue et de douleur.

Automne 2002
En novembre, je suis nommée dans le palmarès des femmes les plus importan­tes de l’année 2002 par le magazine Glamour et je reçois la distinction des mains de la sénatrice Hillary Clinton, que j’avais déjà rencontrée alors que j’étais à l’hôpital. Sa gentillesse et son écoute m’avaient im­­médiatement mise à l’aise.

Printemps 2007

Après des années d’opéra­tions chirurgicales doulou­reuses, je me sens enfin plus forte, mais je dois
continuer mon programme d’ergothérapie et de physiothérapie. Avec mon mari, nous essayons d’avoir un autre enfant depuis 2004, mais n’avons rencontré que déception et échec.

25 août 2009
Alors que nous prenons enfin des vacances, en Italie à Rome, nous sommes ravis d’être enfin en mesure de dire à Tyler qu’il va bientôt avoir un petit frère.

19 juin 2010
Pour la fête des Pères, Tyler, Greg et moi allons au zoo de Central Park avec, pour la première fois, le petit dernier, Jagger. Je réalise alors par quel miracle il m’est possible de me tenir aux côtés de mon fils de 10 ans. Je ne peux que cons­tater quelle merveille c’est d’avoir pu, tous, survivre et guérir après le 11 septembre.

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