Pence prend les rênes de la campagne républicaine pendant la convalescence de Trump

Le vice-président Mike Pence s'adresse aux médias à la base aérienne d'Andrews, le lundi 5 octobre 2020. Photo: Jacquelyn Martin/AP Photo

WASHINGTON — Donald Trump étant atteint de la COVID-19, le vice-président Mike Pence a pris le relais de la campagne républicaine, lundi, en amorçant une tournée de plusieurs États clés pour renforcer les chances de réélection du président.

M. Trump a obtenu son congé de l’hôpital militaire Walter Reed et est rentré à la Maison-Blanche lundi soir, mais on ignore quand il pourra à nouveau voyager.

«J’ai parlé au président il y a peu de temps. Il semblait très bien», a déclaré M. Pence aux journalistes à la base aérienne Andrews, avant de s’envoler vers l’Utah pour le débat de mercredi entre les candidats à la vice-présidence.

«Les enjeux d’une élection n’ont jamais été aussi élevés et le choix n’a jamais été aussi clair.»

M. Pence veut maintenir le niveau d’enthousiasme des partisans du président et esquiver les critiques contre la réponse de l’administration Trump à la pandémie qui a tué plus de 210 000 Américains. L’attention s’est concentrée encore davantage sur la gestion cavalière de la crise depuis le diagnostic positif de M. Trump.

M. Pence sera placé sous les projecteurs mercredi lors du débat avec la sénatrice californienne Kamala Harris. Il sera sans doute questionné à propos des bilans changeants sur l’état de santé du président au cours du week-end.

On peut aussi s’attendre à ce qu’il doive défendre le choix de M. Trump de tenir de grands rassemblements de campagne en pleine pandémie — des événements qui ont souvent bafoué les directives de santé publique en réunissant des milliers de partisans, pour la plupart à visage découvert.

«Le débat vice-présidentiel est normalement sans importance. Ce n’est pas le cas en 2020», relève Alex Conant, un stratège qui avait travaillé pour l’équipe de campagne du sénateur de la Floride Marco Rubio pour l’investiture républicaine en 2016. «Le public a tellement de questions sur la façon dont nous en sommes arrivés là et c’est l’occasion pour M. Pence de répondre à certaines de ces questions.»

M. Pence a souvent été appelé à réparer les dégâts du processus décisionnel hasardeux de M. Trump. Dès la campagne électorale de 2016, il a tâché de faire le pont entre M. Trump, une impétueuse vedette de téléréalité, marié à trois reprises, qui s’est longtemps vanté d’être un coureur de jupons, et la branche plus traditionnelle du Parti républicain, plus particulièrement les conservateurs évangéliques.

Mais la modestie et la diction nette de Mike Pence ne lui ont pas toujours attiré du succès.

En tant que gouverneur de l’Indiana de 2013 à 2017, il peinait à s’écarter d’un message convenu et il a parfois eu du mal à contenir des situations qui évoluaient rapidement.

En 2015, par exemple, il avait provoqué une levée de boucliers en signant une loi qui permettait aux propriétaires d’entreprise de refuser des clients homosexuels pour des motifs religieux. La mesure a ensuite dû être amendée.

En entrevue au réseau ABC, il avait même perdu son sang-froid après que l’animateur George Stephanopoulos lui eut demandé si la discrimination contre les personnes homosexuelles devrait être selon lui être légale. «George!», avait-il protesté, avant de laisser échapper un soupir audible.

Un débat très attendu

Son débat face à Kamala Harris, à Salt Lake City, sera une épreuve de taille. L’ascension politique de l’ancienne procureure de la Californie a été alimentée par des échanges virulents avec ses rivaux politiques lors de grandes audiences du Congrès.

«Ce sera un défi, mais un défi pour lequel il est bien préparé», estime Cam Savage, un stratège républicain de longue date qui a suivi de près la carrière de Mike Pence. «Avec M. Pence, on a un leader très discipliné qui n’est pas susceptible de commettre des erreurs.»

L’état dans lequel M. Trump se trouvera dans les semaines à venir constitue toutefois une grande source d’incertitude. Son entourage affiche un optimisme béat, mais le niveau d’oxygène dans le sang du président a brusquement chuté à deux reprises au cours des derniers jours et il a reçu un supplément d’oxygène avant son hospitalisation.

Certains craignent que le vice-président attrape à son tour le virus en faisant campagne, un scénario troublant qui soulève de sérieuses questions sur une éventuelle passation du pouvoir et la sécurité nationale.

M. Pence a dit s’attendre à un retour à la normale — «business as usual» — après la joute de mercredi, avec une série de sorties publiques prévues pour les enfants de M. Trump et d’autres hauts représentants comme lui, dans ce qui a été baptisé l’«opération MAGA».

M. Pence doit se rendre en Arizona, puis en Floride, avant de revenir en Indiana pour voter par anticipation vendredi.

M. Pence évoque souvent sa foi et le concept biblique de «leader-serviteur» pour décrire sa vision des pouvoirs publics.

Il est d’ailleurs un fidèle serviteur de M. Trump depuis que ce dernier l’a réchappé lors d’une difficile campagne de réélection en Indiana, en 2016, pour faire de lui son colistier.

En tant qu’envoyé de Donald Trump auprès des conservateurs religieux, il a pu rapidement ragaillardir sa carrière politique.

M. Pence a souvent rappelé à ses confrères conservateurs que la composition de la Cour suprême serait déterminée par le vainqueur de la présidentielle de 2016 — une prédiction qui pourrait bien être sur le point de se concrétiser avec la nomination d’Amy Coney Barrett pour remplacer la progressiste Ruth Bader Ginsburg.

Il aura parfois fallu de peu de mots pour que Mike Pence vole à la rescousse de Donald Trump.

Après la publication explosive d’un enregistrement où l’on pouvait entendre M. Trump se vanter d’empoigner les femmes par leurs organes génitaux sans leur consentement, pendant la campagne de 2016, M. Pence a simplement signalé son soutien par sa présence continue au sein de la campagne républicaine.

Que Donald Trump obtienne un second mandat ou non, Mike Pence — qui entretient lui-même depuis longtemps des ambitions présidentielles — a de bonnes chances de représenter le Parti républicain en 2024.

Mais la manière dont il affrontera les défis à venir pourrait s’avérer déterminante.

«Nous découvrirons dans les prochains jours si M. Pence sera un candidat de premier plan en 2024», analyse le stratège Alex Conant.

Brian Slodysko, The Associated Press




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