Non, Alice Cooper ne s’est pas vraiment lancé dans la course à la présidentielle

Alice Cooper? Président des États-Unis?

Si on se fie à plusieurs médias cette semaine, il semblerait que oui!

«La démocrate Hillary Clinton et le républicain Donald Trump affichant des taux d’opinions défavorables élevés, une nouvelle option s’offre désormais aux électeurs américains pour la présidentielle: le hard-rockeur Alice Cooper. Le chanteur excentrique américain de 68 ans a annoncé lundi qu’il se lançait officiellement dans la course à la Maison-Blanche pour l’élection du 8 novembre, avec le slogan ‘Un homme perturbé pour une époque perturbée’», pouvait-on lire dans un article du fil de nouvelles l’Agence France-Presse, repris par plusieurs médias partout dans le monde.

On affirme que le site officiel de sa campagne «montre qu’il est assez conscient du peu de chances que son projet se concrétise».

C’est drôle, parce qu’aux États-Unis, presque tous les articles écrits à ce sujet affirment clairement que c’est une blague.

C’est que le rockeur Alice Cooper, Vincent Damon Furnier de son vrai nom, fait la même blague à chaque élection présidentielle depuis plus de 40 ans.

Il a commencé avec l’élection assez mirobolante de 1972 entre Richard Nixon et George McGovern (que M. Nixon a remporté). Lors de ces élections, Alice Cooper a lancé la chanson Elected («élu»), accompagné d’un clip où il incarne un politicien populiste:

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=1i4EnjRKVQw&w=640&h=480]

Depuis, il en profite à chaque élection pour relancer sa chanson et se moquer du système politique américain.

M. Cooper était d’ailleurs de passage sur les ondes de CNN vendredi passé pour «lancer» sa campagne (qualifiée par CNN de «satirique»). Lors de l’entrevue, il a été question de sa longue et illustre carrière, et de l’image de «bad boy» qu’il projette, qui a souvent causé la consternation chez les parents dans les années 1970. «À cette époque, les gens me prenaient au sérieux. Il ne comprenaient pas qu’il y avait de l’humour et de la satire dans le personnage d’Alice Cooper», (ahem), a-t-il lancé.

Il a annoncé que l’acteur Tom Hanks sera son colistier à titre de vice-président (M. Hanks n’est pas au courant). Son slogan? «Je peux ne rien faire aussi bien bien qu’ils ne peuvent rien faire.»

Quand l’animatrice lui demande à la blague pourquoi les gens devraient voter pour lui, il répond qu’il peut penser à «beaucoup, beaucoup plus» de raisons pour lesquelles ils ne devraient pas le faire, et a affirmé qu’il ne voulait pas être président. «Regardez [le président actuel, Barack] Obama. Quand il a assumé ses fonctions, il était une rockstar, et maintenant, il a beaucoup de cheveux blancs. Je ne veux pas ça. Je suis un chanteur de rock», a-t-il répondu.

Mais techniquement…

Techniquement, les Américains pourraient élire Alice Cooper. C’est qu’aux États-Unis, on permet ce qu’on appelle les «write-in candidates» (candidats non inscrits). Tout électeur peut écrire le nom d’une personne sur son bulletin de vote, même si elle n’est pas officiellement inscrite comme candidat (ça, c’est la liberté, les amis). Donc, oui, un Américain peut écrire «Mickey Mouse» ou «Alice Cooper» et voter pour lui.

Lors des dernières élections présidentielles, en 2012, quelque 136 040 Américains se sont prémunis de ce droit, ce qui veut dire que, réunis ensemble, ces candidats à la blague sont arrivés en 5e place.

Donc, oui, les Américains pourront voter pour Alice Cooper comme président.

Mais ils pourront aussi voter pour l’Inspecteur viral, s’ils le veulent.

#InspecteurViral4President!