Garder la formation accessible
La nouvelle ministre de l’Éducation, Line Beauchamp, était à peine nommée que, déjà, la Fédération étudiante collégiale (FECQ) et la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) lui rappelaient leur opposition au dégel des droits de scolarité. Ce dégel, prévu pour l’année scolaire 2011-2012, permettra aux universités d’établir elles-mêmes ce que les étudiants devront débourser pour leurs études.
Il est prévu que les frais augmenteront alors considérablement. Dans le reste du Canada, où les universités fixent les frais de scolarité depuis longtemps, la moyenne annuelle pour le baccalauréat était de 4 917 $ en 2009-2010, alors qu’elle n’était que de 2 272 $ au Québec. Les fédérations étudiantes sont convaincues que des frais élevés nuiront à l’accessibilité aux études universitaires et s’opposent donc à toute majoration.
Les résultats d’une recherche récente leur donnent raison. Menée par Philippe Belley et Lance Lochner du Réseau canadien de chercheurs dans le domaine du marché du travail et des compétences (sic) à l’aide de données américaines, l’étude montre que les jeunes de 21 ans ou moins provenant des familles les plus fortunées sont 30 % plus nombreux à suivre des études universitaires que ceux issus des familles les moins fortunées. Cette relation négative entre le revenu familial et la scolarité est un phénomène bien connu des sociologues, qui le documentent depuis quelque 50 ans. Les étudiants ont donc probablement raison de craindre une diminution de l’accessibilité aux études.
Certains feront valoir que les effectifs universitaires augmentent au Canada malgré les frais de scolarité élevés. En 2007-2008, d’après Statistique Canada, la moitié des provinces ont vu leurs effectifs augmenter. Après tout, si on désire se préparer à une carrière scientifique ou professionnelle, les études universitaires continuent d’être un passage obligé. Les recherches qui montrent que les revenus gagnés en cours de carrière augmentent avec le niveau de scolarité ne se comptent plus. Quelques centaines de dollars de plus par année ne devraient pas vous décourager de suivre une formation, à condition de bien en comprendre les débouchés et d’avoir établi un bon budget étudiant.
Mais il y a une limite à ne pas franchir! Les étudiants canadiens doivent s’endetter beaucoup plus pour payer les frais de scolarité élevés. Leur dette moyenne à la fin de leurs études tourne autour de 30 000 $. Or, une autre recherche, parue dans L’emploi et le revenu en perspective, montre que plusieurs ont des difficultés à rembourser cette dette en même temps qu’ils cherchent à fonder une famille ou au moins à établir leurs assises financières. Une grande dette d’études peut donc nuire à l’entrée dans la vie!
C’est là l’écueil à éviter pour nos politiciens! Le moment où les études cesseront de «rapporter» sera aussi celui où elles seront remises en question et où les effectifs diminueront!