Près d’une personne sur cinq vit dans la pauvreté au Québec
En 2017, entre 17% et 19% de la population québécoise, soit entre 1,4 et 1,6 million de personnes, vivait sous le seuil du revenu viable variant en moyenne entre 22 000$ et 32 000$ pour une personne seule, selon la localité considérée.
Ce chiffre est tiré de la note socioéconomique «Qui a accès à un revenu viable au Québec ?» rendue publique aujourd’hui par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS).
Selon les autrices de l’étude, Eve-Lyne Couturier et Vivian Labrie, la situation est préoccupante. Elles proposent d’agir par les politiques publiques et les programmes de soutien au revenu, car ceux-ci ne sont pas suffisants pour le moment.
En effet, une personne de 65 ans et plus qui a droit seulement à la pension de la Sécurité de la vieillesse et au Supplément de revenu garanti dispose d’un revenu de moins de 20 000 $, soit moins que le revenu viable.
Quant aux personnes à l’aide sociale, elles sont encore plus loin du revenu viable.
«L’insuffisance des garanties minimales de revenu dans le système public, y compris après 65 ans, montre l’importance d’évoluer vers un accès au revenu mieux partagé», peut-on lire dans le rapport.
Prioriser la réduction des inégalités
Présentement, la croissance économique bénéficie davantage au 20% le plus riche, indique Eve-Lyne Couturier.
«Pour réduire la pauvreté, on doit prioriser l’amélioration des revenus du cinquième le plus pauvre de la population. Malheureusement, on choisit plutôt de favoriser la concentration de la richesse en haut de l’échelle sociale», explique Mme Couturier.
Il s’agit d’un des principes évoqués dans la Proposition pour une loi sur l’élimination de la pauvreté, mise de l’avant il y a vingt ans par le Collectif pour une loi sur l’élimination de la pauvreté citoyenne, devenu depuis le Collectif pour un Québec sans pauvreté.
Le porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté, Serge Petitclerc, n’est pas surpris de constater que près d’une personne sur cinq vit en-dessous du seuil du revenu viable. «Ça dépend toujours où tu mets la barre, dit-il. Mais ce sont des chiffres qui se tiennent.»
Pour M. Petitclerc, l’ensemble du filet social doit être rediscuté pour faire en sorte d’améliorer les conditions de vie des gens, notamment les personnes assistées socialement.
Indicateurs de pauvreté
Au Québec, trois mesures de faible revenu servent à suivre les situations de pauvreté: la mesure du panier de consommation (MPC) suit les situations de pauvreté sous l’angle de la couverture des besoins de base, la mesure de faible revenu à 50 % de la médiane des revenus après impôt (MFR-50) compare les régions, la mesure de faible revenu à 60 % de la médiane des revenus après impôt (MFR-60) compare les pays entre eux.
Serge Petitclerc pense que, peu importe l’indicateur utilisé, le constat serait le même. «Le problème n’est pas qu’on utilise le mauvais indicateur, émet-il. C’est que l’accroissement des inégalités s’accélère depuis les 40 dernières années.»
Toutefois, l’intérêt d’utiliser le revenu viable est qu’il se rapproche du 20% le moins riche, ajoute-t-il. «Ça ressemble plus à ce qu’on pourrait qualifier d’un indicateur de sortie de pauvreté. Et non seulement un calcul du strict minimum pour que les gens ne meurent pas de faim.»