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Un policier aurait conclu dès le début que Mamadi Camara n’était qu’un témoin

Mamadi III Fara Camara
Mamadi III Fara Camara, à l'émission Tout le monde en parle Photo: Capture d'écran

Une semaine après avoir annulé sa participation à Tout le monde en parle, Mamadi III Fara Camara a finalement livré sa version des faits publiquement pour la première fois à l’émission, hier, accompagné de son avocate. Selon le récit de M. Camara, les policiers auraient été brutaux en l’arrêtant et l’un d’entre eux aurait conclu dès le départ qu’il n’était qu’un témoin de l’attaque contre le policier Sanjay Vig.

«Ça a été un épisode très traumatisant pour moi», a exprimé M. Camara, lors de sa première prise de parole publique depuis qu’il eut été accusé à tort de tentative de meurtre contre un policier du Service de police de la Ville de Montréal.

Selon l’homme de 31 ans, les policiers lui auraient permis de retourner chez lui après qu’il eut été témoin de l’attaque. Or, quelques minutes plus tard, les forces de l’ordre se seraient présentées chez lui pour l’arrêter brutalement. «Je ne suis jamais sorti de mon véhicule. Je n’ai pas discuté.»

«On sort les armes, on pointe, on va voir M. Camara. On le saisit par les épaules et on le sort du véhicule par la fenêtre. On l’amène au sol, face contre le sol, il y a un policier qui place son pied contre la tête de M. Camara», a raconté Virginie Dufresne-Lemire, qui a livré la version des faits de son client pour des raisons «légales».

«Un policier aurait décidé de parler avec M. Camara. Il lui pose des questions, vérifie son cellulaire, a poursuivi l’avocate. Ce policier-là, à la suite des vérifications […] écrit que, pour lui, M. Camara est un témoin.» Mais M. Camara a ensuite tout de même été interrogé pendant quatre heures à titre d’accusé.

M. Camara a réaffirmé que plusieurs questions sur sa mise en accusation et sa détention de six jours demeurent sans réponse. «Si on m’avait écouté pour bien comprendre mon récit, peut-être que ça n’aurait pas pris six jours.»

«J’avais l’air d’être un monstre»

M. Camara a raconté son expérience de détention à la prison de Rivière-Des-Prairies, à Montréal.

«À mon arrivée, j’ai senti que tous les gardes qui étaient là se disaient que c’est le tueur de policiers qui s’en venait. J’avais l’air d’un monstre. J’ai été dans une cellule avec de vrais criminels. Quand ils m’ont vu pour la première fois, ils m’ont dit ‘’monsieur, vous n’êtes pas un criminel’’.»

M. Camara affirme n’avoir jamais pu contacter sa famille durant ces six jours de détention.

Le chargé de cours à l’École polytechnique envisage poursuite au civil contre ceux qui ont commis des fautes dans son dossier. On ne sait cependant pas si celle-ci visera le SPVM, le Directeur des poursuites criminelles et pénales, la Ville de Montréal, où plusieurs de ces institutions à la fois.

«Clairement» du profilage racial

Le cinéaste de militant des droits civiques Will Prosper était présent à l’émission pour parler de l’enjeu de profilage racial qui plane au-dessus de cette affaire.

Selon lui, il y a «clairement» eu du profilage racial de la part des policiers dans le traitement qu’ils ont réservé à M. Camara.

«Est-ce qu’un citoyen de Westmount aurait eu le même traitement dans sa maison? C’est là qu’on se dit pourquoi il y a une différence de traitement contre une personne comme M. Camara?», a-t-il demandé.

M. Prosper a également reproché aux médias d’avoir accordé trop d’importance aux sources policières dans leur couverture initiale de l’événement, ce qui aurait terni la réputation de M. Camara, qui a été rapidement suspendu et congédié par ses employeurs. «On insinue beaucoup de choses à son égard alors qu’on n’a pas pris de versions de témoins.»

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