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Un premier livre pour la Lachinoise Marlène Casciaro

Marlène Casciaro Photo: Alexandre Sauro/Métro Média

Née à Marseille et résidente de Lachine depuis une douzaine d’années, Marlène Casciaro a publié son premier livre intitulé Exils et enracinement. Le récit raconte comment sa famille a traversé le 20e siècle de la Sicile jusqu’au Québec. Accompagnée par BouquinBec, l’autrice a publié elle-même son manuscrit. Mme Casciaro est également une professionnelle en relations publiques depuis une

«Je voudrais encourager les gens qui souhaitent écrire à réaliser leur passion. C’est la première fois que j’écris réellement pour moi et j’ai adoré l’expérience.»

Marlène Casciaro

Dans les grandes lignes, quel est le parcours de votre famille que vous décrivez dans le livre?

Mes arrière-grands-parents sont nés en Sicile et ils ont quitté l’Italie pour l’Égypte en raison de problèmes dans la communauté, notamment avec la présence de la Mafia. Le pays était toujours un protectorat jusqu’en 1922. À la suite de ce conflit pour l’indépendance, les Européens étaient peu les bienvenus. Ils se sont alors exilés, cette fois, en Tunisie.

Mes parents sont nés en Tunisie, alors que le pays était un protectorat français. C’était en quelque sorte une place de choix pour les Italiens qui s’y installaient depuis plusieurs années. À son tour, le pays a observé une période de tensions à l’aube de son indépendance, en 1953.

Mes parents se sont donc exilés à leur tour parce que c’était difficile de trouver un travail pour un Européen dans ses conditions. Ils ont choisi Marseille.

En France, mon père avait de la difficulté à s’habituer et rêvait du Québec. Il voulait y vivre depuis l’âge de 10 ans lorsqu’un professeur d’école lui avait appris que les gens y parlaient français. Cependant, ma mère était bien à Marseille, et ce, malgré les difficultés sociales après la Seconde Guerre mondiale. Après quelques années, il a réussi à la convaincre.

Le livre raconte également les difficultés d’adaptation pour toute notre famille qui s’installait au Québec durant  la Révolution tranquille.

Il s’agit de votre premier livre. Pourquoi avoir décidé de raconter l’histoire de votre famille?

Le déclencheur est le décès de mon père en 2018. Enfants, nous posions beaucoup de questions. Après trois grands exiles, on voulait savoir, en tant que famille italo-tunisienne, d’où on venait.

Malgré le fait que mon père n’est pas allé très longtemps à l’école, il était un excellent autodidacte et il s’intéressait à tout. Après la mort de ma mère, en 2006, il a commencé à mettre sur papier son histoire et l’histoire de notre famille. Il voulait consigner le tout pour ses enfants.

J’ai finalement lu ses notes lorsque j’ai exécuté sa succession. Je connaissais évidemment les grandes lignes, mais j’ai découvert beaucoup de détails racontés selon sa perspective. C’est dans ses notes d’ailleurs que j’ai découvert l’influence que son professeur avait eue sur lui et qui l’a inspiré à vouloir s’installer au Canada.

De plus, je voulais laisser quelque chose à mon neveu pour qu’il puisse prendre connaissance de l’histoire de sa famille à son tour.

Maintenant que l’histoire est racontée et que le livre est publié. Comment vous sentez-vous par rapport au fait accompli?

Ça m’a fait du bien. J’espère que des gens et des familles avec des parcours similaires pourront se reconnaître. On n’est pas obligé d’avoir voyager à travers la Méditerranée pour comprendre comment on se sent lorsqu’on est exilé.

Je souhaite également que le livre puisse faire réfléchir sur l’importance de conserver la langue française au Québec. C’est ce qui a motivé mon père à venir ici. Ça ne veut pas qu’il ne faille pas accepter d’autres langues. Protéger le français ne m’a pas empêché d’apprendre l’anglais et de travailler pour des entreprises multinationales. Je n’enlève rien à ceux qui viennent s’établir au Québec avec leurs bagages. Mais c’est important de conserver son identité.

Est-ce que ç’a été difficile de faire publier une histoire si personnelle?

Après avoir fait mes recherches qui m’ont permis de découvrir la complexité de publier avec une maison d’édition, j’ai décidé de m’autopublier. C’est un processus que je ne connaissais pas, mais de nos jours, c’est de plus en plus possible de le faire. J’ai adoré ça. J’ai collaboré avec BouquinBec et leur réviseur, Mario Raymond. Son rôle était principalement technique, mais il m’a aidé sur plusieurs aspects, notamment sur le choix d’écrire au passé simple. J’avais beaucoup plus de liberté que si j’étais allé avec une maison d’édition.

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