Réparer le Moulin de Pointe-Claire
Construit en 1710, le moulin à vent de Pointe-Claire fait partie de l’histoire de la ville. Aujourd’hui mal en point, la Société pour la sauvegarde du patrimoine de Pointe-Claire (SSPPC) se bat pour qu’il soit réparé.
La Pointe, composée du Moulin de Pointe-Claire et du Couvent est un site patrimonial bien connu des résidents. Véritable symbole de la ville, le moulin est aujourd’hui l’un des 18 restants qui datent de l’époque de la Nouvelle-France au Québec.
«Depuis que nous avons fondé la SSPPC en 2000, nous avons toujours prôné la restauration du Moulin», explique le président de l’organisme, Andrew Noël Swidzinski. En effet, selon lui les derniers travaux sur le bâtiment remontent à 1980 lorsque les ailes ont été changées. Seulement, depuis des années, il est en piteux état. Le moulin a des dommages au toit et deux des ailes sont tombées suite à des intempéries survenues à l’hiver 2019.
Alors que la SSPPC met tout en oeuvre pour redonner au moulin son apparence d’origine, la ville refuse de payer les travaux tant que l’archidiocèse de Montréal, officiellement propriétaire du monument, ne lui cède pas la propriété. Le problème: le diocèse refuse catégoriquement depuis plusieurs années. De son côté, la SSPPC n’y voit aucune objection, mais avoue son incompréhension l’insistance de Pointe-Claire pour devenir propriétaire du moulin. «Je n’ai jamais compris pourquoi c’était nécessaire. Nous n’étions pas contre l’idée, mais cela semble désormais être une excuse pour ne pas agir», commente Andrew Noël Swidzinski. Il ajoute: «il y a une impasse entre la ville et le diocèse depuis 20 ans, on ne s’attend pas à ce que ça se débloque. Une des choses que nous avons toujours dit, c’est qu’il n’est pas nécessaire que la ville devienne propriétaire pour faire les rénovations.»
Dans un texte d’opinion publié par la SSPPC, le président de l’organisme souligne que «la Loi sur le patrimoine culturel, confie aux municipalités la responsabilité principale pour la préservation des immeubles patrimoniaux.» Les travaux peuvent ainsi être subventionnés par le gouvernement du Québec qui peut couvrir jusqu’à 50% des coûts.
Patrimoine VS construction
Devant le refus de Pointe-Claire d’agir, Andrew Noël Swidzinski en vient à se demander si la municipalité ne voit pas son patrimoine comme un obstacle à son développement. Selon lui, il s’agit d’une des seules municipalités au Québec qui ne montre pas d’engagement pour protéger ses monuments historiques. Il cite comme exemple l’ancien hôtel Charlebois (ensuite connu sous le nom du bar The Pioneer), détruit afin de construire des appartements de luxe. «La Ville avait trouvé un expert qui lui a affirmé que l’hôtel avait perdu de sa valeur patrimoniale», assure-t-il. «Ils sont prêts à laisser des immeubles patrimoniaux se détériorer afin que l’on puisse justifier la perte de tout statut protégé suivi de la modification de leur zonage pour permettre leur remplacement par des projets de condo.»
La SSPPC a ainsi peur de voir La Pointe subir le même sort. L’emplacement idéal du couvent et sa vue sur le Bord-du-Lac en feraient un emplacement de choix pour des promoteurs immobiliers. «La pression à long terme pour faire ainsi sera particulièrement forte dans le cas du couvent compte tenu de sa grande superficie», déplore Mr Swidzinski.
Les Espaces Bleus pour sauver le Moulin de Pointe-Claire
Depuis plusieurs années, la SSPPC tente de sauver le Moulin de Pointe-Claire. À la fin des années 2000, l’organisme a récolté 25 000 $ auprès de ses membres afin d’acheter des meules et d’autres composants du mécanisme du moulin. Le but? Permettre aux ailes de tourner afin d’éviter la moisissure qui fragiliserait un peu plus le monument. «Nous avons toujours fait part de notre volonté de récolter des fonds dans le privé afin de financer les travaux urgents, le diocèse n’a pas donné suite», regrette Andrew Noël Swidzinski.
Aujourd’hui la SSPPC entrevoit une petite lueur d’espoir. Elle étudie actuellement la possibilité de faire appel au gouvernement provincial pour acheter ou louer La Pointe, et ainsi effectuer les travaux. Ceci se ferait grâce au programme Les Espaces Bleus annoncé le 10 juin par François Legault. Il s’agit d’un investissement de 259 millions de dollars qui vise à acheter des immeubles patrimoniaux à travers le Québec pour les convertir en un réseau de centres historiques régionaux. Ils comprendraient chacun un musée avec des expositions permanentes et itinérantes, un centre culturel pour des spectacles artistiques, ainsi qu’une boutique et une salle à manger mettant en vedette des produits locaux.
S’il se concrétise, ce projet offrirait une solution à long terme pour le Moulin de Pointe-Claire et le Couvent qui n’est plus occupé depuis 2014. «On essaie cet argumentaire-là. Mais cela prendra de l’action du gouvernement ou du diocèse pour faire avancer le dossier. On a abandonné l’espoir que le maire actuel et son conseil vont agir dans le dossier.»