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COVID-19: des anticipations sur le danger en CHSLD dès février 2020

Photo: Getty Images

Dès le mois de février 2020, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) anticipait le risque que le virus entre dans les Centres d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD) en cas de transmission communautaire.

C’est ce qui est ressorti mercredi matin à l’enquête publique du coroner sur les décès survenus dans les CHSLD du Québec durant la première vague de COVID-19. 

Dans ses premières analyses réalisées en février 2020, l’INSPQ considérait la probabilité que la maladie affecte les milieux de soins de longues durées, a mentionné la vice-présidente aux affaires scientifiques à l’INSPQ, Dre Jocelyne Sauvé.

«En février, déjà dans les rapports et les discussions qu’on avait avec le ministère, on disait que s’il y avait transmission communautaire, c’est sûr que ça va toucher davantage les personnes âgées. Et donc il y avait une anticipation que ça pourrait malheureusement entrer dans les CHSLD», a-t-elle déclaré. 

Cela a aussi été confirmé par la médecin spécialiste de l’équipe immunisation et infections nosocomiales à la direction des risques biologiques et santé au travail de l’INSPQ, Dre Chantal Sauvageau, qui témoignait mercredi après-midi.

Est-ce que cette donnée a mené à l’identification d’un risque particulier au niveau des CHSLD?, lui a demandé l’avocat des familles de six patients décédés, Me Patrick Martin-Ménard. «Dans nos discussions, ça va de soi, oui. C’est spécifiquement les personnes âgées avec plusieurs comorbidités qui répondent à certains critères pour avoir un niveau de soin en CHSLD. Le corolaire était évident», a répondu Dre Sauvageau. 

Accent sur les hôpitaux 

Le 9 mars 2020, l’INSPQ a fait des représentations auprès du Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) pour démontrer que plus les gens sont âgés, plus ils sont vulnérables à la maladie. 

Plusieurs types de scénarios potentiels ont été présentés au MSSS le 9 mars, mais «le plus catastrophique» d’entre eux était celui sur l’impact des cas sur le système de soins québécois.

«Quand on a présenté des scénarios au ministère, l’information qu’on avait, ce n’était pas nécessairement qu’il y avait une transmission communautaire, mais qu’on importait des cas qui pouvaient ensuite se reproduire et être en nombre tellement élevé qu’on allait avoir un impact majeur sur les lits hospitaliers», a expliqué Dre Jocelyne Sauvé.

En effet, les premiers cas confirmés de COVID-19 provenaient de l’extérieur du Canada, a-t-elle rappelé. 

L’accent a donc été mis davantage sur le risque de débordement des hôpitaux. «Et c’est un peu ce qu’on commençait à voir en Italie, aux États-Unis où les gens se présentaient à l’hôpital et il n’y avait pas de capacité pour les traiter», a souligné Dre Sauvé. 

Des scénarios confidentiels? 

Il n’a pas été possible d’en savoir davantage sur les détails des scénarios présentés par l’INSPQ le 9 mars 2020 au MSSS. En effet, l’avocate du ministère a émis une objection à ce que les projections soient déposées en preuve. Elle a fait valoir que ces documents étaient protégés par le privilège parlementaire puisqu’ils avaient été remis au conseil exécutif. 

La coroner qui préside l’enquête, Me Géhane Kamel, a laissé jusqu’à demain à l’avocate pour faire ses démarches. «Je ne voudrais pas qu’on laisse sous-entendre à la population qu’on n’agit pas en toute transparence quand on essaie de trouver ce qui s’est passé avant [la pandémie]», a-t-elle affirmé. 

Le volet national de l’enquête publique sur les CHSLD s’échelonnera jusqu’au 19 novembre au palais de justice de Québec, puis du 29 novembre au 3 décembre 2021 au palais de justice de Shawinigan. Le directeur national de santé publique, Dr Horacio Arruda, et le conseiller médical stratégique à la direction générale de santé publique, Dr Richard Massé, témoigneront demain.

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