Le transport au cœur des inquiétudes concernant l’écoquartier Louvain Est
Plusieurs citoyens se montrent inquiets des conséquences de la construction de l’écoquartier Louvain Est au niveau du transport et sur le stationnement dans le quartier, déjà bien remplie selon eux.
Le projet d’écoquartier Louvain Est qui doit voir le jour dans l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville prévoit le stationnement de 0,3 voiture par logement, pour 867 logements, selon l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM). Mais en fonction des besoins, la proposition réglementaire actuelle de l’OCPM permettrait de créer jusqu’à 433 places de stationnement.
L’OCPM se base sur la baisse du nombre de voitures par ménage observé au cours des dernières années par l’Observatoire Grand Montréal. Le taux était de 0,392 en 2017 et a atteint 0,379 en 2019.
Par contre, dans l’ensemble de l’agglomération de Montréal, ce chiffre monte à 1,01 automobile par ménage.
Selon le résident membre du comité de bon voisinage Alexandru Dobrescu, le stationnement est déjà difficile dans le quartier. Cela est confirmé par un autre résident du quartier, Alain Ste-Marie.
Les deux résidents ne sont pas contre le projet d’écoquartier. Ils souhaitent que ce point soit clair. L’instauration d’une école dans le quartier est notamment vue d’un très bon œil. Mais ils s’inquiètent de voir ce projet augmenter la circulation et créer de nouvelles difficultés dans le quartier.
Le calcul d’Alexandru Dobrescu est simple. En multipliant 0,3 espace de stationnement par 867 logements, cela donne 260 voitures. En prenant le chiffre de 1,01 voiture, le nombre monte à 870 autos.
L’argument est le suivant, 870 autos moins 260 stationnements équivaut à 610 voitures pour lesquelles il faut trouver un stationnement.
Comment pourraient-ils interdire aux gens d’avoir une auto et de stationner celle-ci dans la rue? Cela ne me paraît pas faisable.
Alexandru Dobrescu, résident du quartier et membre du comité de bon voisinage
L’écoquartier, un espace avec moins de voitures
L’OCPM tient à souligner que le projet d’écoquartier doit devenir un moteur pour «limiter le recours aux véhicules individuels». D’ailleurs, sur les 433 places de stationnement potentielles, 173 seraient réservées à de l’autopartage.
Cela fait partie des souhaits des élus de Projet Montréal. Le partie souhaite réduire le trafic et l’utilisation de la voiture personnelle.
La mairesse d’Ahuntsic-Cartierville, ne s’en cache pas. Pour Émilie Thuillier, ce type de quartier se veut également un incitatif pour abandonner son véhicule. Mais pour que cet incitatif marche, il faut de la densité, précise la mairesse.
Car qui dit densité, dit un plus grand besoin en matière de transport. Et donc une meilleure desserte des transports en commun.
La mairesse veut aussi mettre l’accent sur le transport dit actif. Celui-ci consiste à utiliser sa propre énergie pour se déplacer, par exemple en faisant du vélo.
Concernant les besoins des automobilistes, les véhicules partagés représentent aussi une bonne solution de rechange à la voiture personnelle. La densité entre ici aussi en ligne de compte. Elle peut aider à augmenter le nombre de ces voitures dans le quartier, souligne Émilie Thuillier.
Enfin, il est possible de se demander de quelle façon la mairesse ou l’OCPM suppose que les gens qui emménageront dans le quartier n’auront pas de voiture, la réponse est simple.
Les gens savent qu’ils s’en vont vivre dans un écoquartier. Et toutes les études en transport ont la même réponse, selon la mairesse. Ce qui induit la présence des voitures, c’est la possibilité de stationnement.
Émilie Thuillier, mairesse d’Ahuntsic-Cartierville
Une voiture en autopartage viendrait remplacer huit voitures privées, selon l’OCPM et la mairesse.
Maintenant, Émilie Thuillier précise que ceux qui souhaitent emménager dans le futur écoquartier, doivent le faire en connaissance de cause. Ce futur quartier ne serait donc pas à la portée de tous, selon ses dires.
Une activité citoyenne organisée par Solidarité Ahuntsic aura lieu le 30 novembre pour discuter de la charte de l’écoquartier. Cette charte contiendra des précisions sur le fonctionnement du transport, que celui soit privé, public, ou partagé.