Québec solidaire s’engage à rendre la contraception gratuite
«C’est un engagement féministe de Québec solidaire», a déclaré Manon Massé en point de presse, mercredi. Le parti de gauche souhaite rendre l’accès à toutes les méthodes de contraception au Québec gratuit. Pilule, stérilet, et même le condom: Québec solidaire (QS) propose de rendre tous ces contraceptifs gratuits et universels.
«C’est un moyen [pour les femmes] d’avoir le contrôle sur leur corps. On veut leur donner les moyens de prendre en main leur santé et leur grossesse. Pour QS, la notion de choix est au coeur de cet enjeu», a souligné la co-porte-parole du parti.
Pour les solidaires, c’est aussi une façon pour les femmes de pouvoir choisir la méthode de contraception qui leur convient le mieux, sans barrières économiques.
Ce sont [elles] qui portent le fardeau de la contraception. Nous, on veut arrêter ça. Comme médecin de famille, ça m’arrive souvent de voir des patientes qui prennent une décision qui n’est pas la meilleure pour elles-mêmes pour des raisons financières.
Dre Isabelle Leblanc, candidate de Québec solidaire dans Mont-Royal–Outremont
Le parti met en avant l’iniquité de l’accès à la contraception pour justifier la création d’un programme d’accès gratuit à celle-ci. Une étude de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) datant de 2019 démontrait, en effet, que les femmes canadiennes âgées de 15 à 24 ans et percevant un faible revenu avaient moins recours à la pilule contraceptive et à d’autres moyens de contraception trop onéreux.
Produits d’hygiène menstruelle remboursés
Le programme d’accès gratuit à la contraception s’accompagnerait d’une gratuité des produits d’hygiène menstruelle dans les institutions publiques. Ceux-ci seraient par exemple disponibles gratuitement dans les écoles.
«On va s’inspirer du programme écossais qui vient tout juste d’être mis en place et rendre accessibles et gratuits les produits comme les tampons, les serviettes hygiéniques ainsi que les produits d’hygiène menstruelle réutilisables», a indiqué Manon Massé.
L’Écosse est en effet devenue en août 2020 la première nation à offrir gratuitement ce type de produits. Tampons, serviettes et coupes menstruelles sont disponibles gratuitement dans les collectivités locales et les établissements scolaires et universitaires. En France, des produits d’hygiène menstruelle sont gratuits pour les étudiantes. Ils sont accessibles sur les campus universitaires et autres établissements scolaires.
«La contraception et les produits [d’hygiène menstruelle] sont des produits de première nécessité», croit Mme Massé.
Plus de contraception, moins de grossesses à risque
Au total, ces mesures coûteraient 30 M$ par an. Mais d’après la porte-parole féminine de QS, cela s’équilibrerait par un recours moins fréquent aux avortements.
«Cette mesure-là va être à coût nul, à l’exception du condom, car on va en distribuer très largement», précise Manon Massé.
Un rapport du centre de recherche Child Trends avait démontré en 2017 que l’utilisation d’un contraceptif pouvait réduire de 59% le recours à l’avortement. Rendre les moyens de contraception gratuits pourrait ainsi faire économiser les coûts liés à l’avortement. À l’échelle des États-Unis, si la contraception était universelle et gratuite, cela permettrait d’économiser 12 G$ au réseau de santé public américain.
Un autre axe important dans l’approche de QS est le financement des organismes communautaires. Le parti ne précise toutefois pas le montant qu’il souhaite leur accorder, ni sa répartition.
Précisons qu’aucun autre parti n’a proposé l’accès gratuit à la contraception ou aux produits d’hygiène menstruelle au Québec. À l’échelle fédérale, c’est un dossier que porte depuis plusieurs années le Nouveau Parti démocratique (NPD).