Arrestation controversée par le SPVM: enquête et réactions
Le Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM) enquêtera sur les circonstances de l’arrestation par erreur d’un homme noir jeudi dernier, qui tentait de regagner son véhicule dans le stationnement du Marché central de Montréal.
L’intervention, filmée et largement partagée sur les réseaux sociaux, avait suscité de vives réactions tant dans la sphère publique que politique.
La vidéo d’une durée de six minutes montrait un homme noir menotté, clamant son innocence, tandis que deux policiers habillés en civil procédaient à des vérifications aux abords d’un Honda CRV.
Le SPVM, qui s’est dit «sensible au bouleversement et à l’émotion vécus par le citoyen ainsi qu’aux réactions suscitées par l’événement» a décidé d’éclaircir cette affaire.
Sur la toile, après avoir visionné la scène, des internautes avaient évoqué un cas de profilage racial.
Lors d’une entrevue accordée à nos confrères de CBC samedi, Brice Dossa, l’homme victime de l’arrestation, a déclaré : «c’est du profilage racial qui a porté un préjudice moral à ma personne, j’ai été traumatisé».
«Si j’étais Québécois comme vous, vous n’iriez pas me traiter ainsi, vous le feriez d’une autre manière. C’est parce que je ne suis pas Québécois comme vous», a-t-il avancé.
Pas de clefs pour déverrouiller les menottes
Au moment de son arrestation le jeudi 3 novembre, M.Dossa, paniqué par la tournure des évènements, s’était demandé si sa couleur de peau était un facteur ayant mené à son arrestation: «quand tu m’as vu, pourquoi tu m’as brutalisé? Détachez-moi dans la seconde. Ça c’est un manque de respect. Même si je suis un suspect, il faut me traiter avec le respect. C’est parce que je suis noir?», s’était-il questionné.
Après avoir terminé leurs vérifications et n’ayant aucune accusation à retenir contre le citoyen, les deux policiers ont tenté de libérer Brice Dossa, avant de s’apercevoir qu’il n’avait pas les clefs pour effectuer cette opération.
De quoi embarrasser davantage les deux auteurs de l’interpellation.
Ce sont finalement d’autres agents en auto-patrouille qui sont venus déverrouiller les menottes retenant le propriétaire du véhicule.
Sur Twitter, la cheffe du Parti libéral du Québec (PLQ) Dominique Anglade a fait part de son indignation.
«Un homme noir arrêté en train de «voler» sa propre voiture…», a-t-elle ironisé.
Selon elle, cette situation «soulève d’énormes questions et n’est pas sans rappeler plusieurs événements récents».
Alain Vaillancourt, membre du comité exécutif et responsable de la sécurité publique à la Ville de Montréal, a qualifié les images captées par la vidéo de «troublantes», capables «d’affecter le sentiment de confiance entre la police et nos communautés montréalaises».
«Nous allons demander à la direction du SPVM de faire toute la lumière sur la situation et prendre les mesures nécessaires afin que ces gestes ne se reproduisent plus», a-t-il commenté depuis son compte Twitter.