Comment briser l’isolement des personnes handicapées
Parmi les 16% de la population québécoise de 15 ans et plus qui vit avec un handicap*, un quart vivent seuls, comparativement à 16% des personnes sans incapacité.
Le Centre communautaire Radisson travaille à briser cet isolement des personnes handicapées, qui rencontrent quotidiennement des barrières pour participer pleinement à la société.
«Notre organisme a pour mission de favoriser la participation citoyenne des adultes ayant une ou de multiples déficiences physiques par le biais d’activités éducatives, culturelles, sociales et de loisir», indique Emmanuel Barbot, directeur général du centre communautaire, qui accueille plus d’une centaine de membres issus de la grande région de Montréal.
«Lorsqu’on choisit des activités, ce n’est pas juste pour passer le temps, on vient ici parce que nous voulons apprendre des choses», dit Norma Susana Amicone, membre du centre communautaire depuis 2014 et du conseil d’administration.
«Par exemple, nous pouvons faire usage des ordinateurs au laboratoire informatique lorsque nous avons des recherches ou du travail à faire pour les ateliers ou autre. C’est vraiment important et utile!», exprime la souriante soixantenaire d’origine italo-argentine.
Le 3 décembre est la Journée internationale des personnes handicapées.
Apprendre et développer son autonomie
Les membres du Centre communautaire Radisson ont la possibilité de forger leur propre trajectoire de développement, en choisissant de participer aux ateliers de jeux, de bricolage, de danse, d’exploration culturelle, d’informatique, de sciences, de français ou de s’impliquer dans les comités d’Action citoyenne, de la bibliothèque ou du «dépanneur du coin».
La plupart des ateliers sont offerts à un prix modique de 17 $ par session, mais plusieurs autres sont gratuits. Les membres choisissent le nombre d’ateliers auxquels ils veulent participer chaque saison.
«Nos membres participent toujours avec plaisir et de la joie, c’est très important pour eux, parce que c’est la place où ils peuvent être eux-mêmes», dit M. Barbot, qui estime à 45 le nombre de participants aux ateliers par jour.
Le comité «dépanneur du coin» permet aux membres un apprentissage sur le plan de la gestion financière. «Nos membres opèrent le dépanneur qui ouvre pendant les pauses que nous avons dans la journée. Ils gèrent eux-mêmes l’argent et décident de ce qu’ils doivent racheter pour le magasin», indique M. Barbot.
Le comité bibliothèque permet pour sa part aux membres de s’impliquer dans la gestion des emprunts de près de 350 ouvrages répertoriés à la bibliothèque Le marque-page, mise en place par les membres.
«Désinfantiliser» les personnes handicapées
Mme Amicone nous a confié qu’elle appréciait les rencontres du comité d’Action citoyenne, qui valorisent la liberté d’expression des membres sur les enjeux qui les préoccupent.
«C’est très important pour moi, parce que nous pouvons exprimer notre pensée, donner notre opinion et défendre les droits des personnes handicapées», soutient-elle avec fierté.
«Cet atelier met de l’avant la “désinfantilisation”, la responsabilisation et la démocratisation. Ce sont des notions très importantes que les membres peuvent mettre de l’avant aujourd’hui pour montrer qu’ils se sentent épanouis et respectés en tant qu’adultes et preneurs de leurs décisions», renchérit M. Barbot, qui se dit impressionné par l’implication des membres dans la vie communautaire du centre.
«Ils comprennent leur pouvoir de mobilisation pour faire changer les choses dans la société.»
Les 18 à 34 ans représentent 27% des membres du Centre communautaire Radisson, alors que 57% sont âgés de 35 à 64 ans et 16%, de 65 ans et plus.
Sensibiliser avec humour
«J’aimais beaucoup l’atelier d’improvisation et maintenant j’aime l’atelier Blague à part, où l’on apprend à structurer des blagues», lance Sandro François, qui confie être tombé amoureux du Centre communautaire Radisson lors d’une journée portes ouvertes en 2018.
Vivant avec un handicap de locution après avoir subi deux AVC à l’âge de 25 ans, M. François aborde la vie avec une grande résilience. Il travaille actuellement, aux côtés des autres participants à l’atelier, sur un projet de sensibilisation aux défis quotidiens des personnes en situation de handicap physique, destiné au grand public.
«On fait des courtes capsules vidéo humoristiques pour montrer à la population générale des situations que l’on vit en tant que personnes handicapées qui peuvent être très frustrantes», explique gaiement l’homme trentenaire, membre du conseil d’administration de l’organisme.
L’atelier Blague à part est un projet en pratique artistique amateur de la Ville de Montréal, nouvellement offert au Centre communautaire Radisson, en partenariat avec l’École nationale de l’humour.
«La créativité, l’engagement et le dynamisme des membres sont les ingrédients qui font du Centre un lieu d’épanouissement où il fait bon vivre, rire, créer des amitiés, apprendre et évoluer dans un environnement où l’inclusion est bien réelle et multiforme», indique le Centre communautaire Radisson.
*Source: Enquête canadienne sur l’incapacité de 2017
Ce texte a été produit dans le cadre de L’Initiative de journalisme local.