Je vais à New York, et vous?
Dans une semaine, je serai à New York pour le sommet sur le climat de Ban Ki Moon. Plus de 125 chefs d’État comme David Cameron, François Hollande et Barack Obama y seront. M. Harper n’y sera pas. Il a délégué sa ministre de l’Environnement. Aucune surprise de ce côté, on connaît l’intérêt de M. Harper pour ce sujet!
Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, lui, y sera. Comme c’est maintenant le cas depuis trop longtemps, les élus qui nous représentent à ces conférences sont issus de juridictions autres que le fédéral. M. Couillard a bien raison d’y aller. Une très grande part du travail à faire pour réduire les gaz à effet de serre (GES) relève des provinces. Pensez-y: les ressources naturelles, l’énergie, le transport, l’aménagement des villes, le code du bâtiment et l’agriculture sont toutes de juridictions provinciales.
Le Québec a d’ailleurs réussi à réduire ses GES de 6,6% entre 1990 et 2012, dépassant ainsi sa propre cible, sans aucune aide du fédéral. Il a adopté une taxe sur le carbone, des normes sur les véhicules, une bourse sur le carbone et la cible la plus ambitieuse de réduction de GES en Amérique du Nord sur l’horizon 2020 (baisse de 20% par rapport aux niveaux de 1990). L’Ontario et la Colombie-Britannique ont également réduit leurs émissions. En fait, la raison pour laquelle le Canada va rater toutes les cibles qu’il s’est fixées est fort simple: les sables bitumineux.
Le développement sans cadre environnemental crédible de ce pétrole sale est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle New York sera envahie de manifestants dimanche prochain. La presque totalité des grands groupes environnementaux canadiens et américains sont mobilisés pour freiner ou stopper ce développement. Des milliers de citoyens se mobilisent contre les mines, les trains, les ports, les bateaux et les pipelines qui seront nécessaires à ce projet considéré comme l’un des plus polluants de la planète.
Chez nos voisins du sud, l’une des plus importantes batailles du puissant mouvement écologiste américain de tous les temps, le pipeline Keystone XL de Transcanada, a d’ailleurs pour cible les sables bitumineux.
De Leonardo DiCaprio à Desmond Tutu en passant par les plus grands scientifiques, les voix s’élèvent de partout pour demander que ce pétrole soit laissé dans le sol.
Jusqu’à tout récemment, les premiers ministres du Québec ont été accueillis à bras ouverts lors des rencontres internationales sur le climat. «Enfin, un élu canadien qui s’active pour le climat!» se disaient les diplomates et environnementalistes en voyant le premier ministre du Québec. Pour conserver cette cote, M. Couillard devra poser un geste de plus que ses prédécesseurs: il devra se positionner clairement sur le développement des sables bitumineux.
Les projets d’Oléoducs 9b d’Enbridge et Énergie Est de Transcanada passeraient par le Québec. Ils feraient transiter respectivement 300 000 et 1,1 million de barils par jour de pétrole de l’ouest sur notre territoire. Si M. Couillard laisse passer ces projets, il devient complice du développement des sables bitumineux.
Personne ne va investir des milliards de dollars pour extraire du pétrole de l’Alberta si aucun pipeline n’est disponible pour l’exporter vers les marchés de la planète. Les pipelines sont une partie intégrante du développement de cette ressource.
Jusqu’à maintenant, le gouvernement du Québec nous dit qu’il n’a pas un mot à dire sur ce projet, qu’il s’agit d’une décision fédérale. Il y a pourtant des dizaines d’autorisations que la province doit donner, à commencer par celle pour le port de Cacouna, clé de voûte du projet. N’en déplaise à M. Couillard, la province a son mot à dire. La Colombie-Britannique a d’ailleurs imposé des conditions à la réalisation du projet de pipeline Northern Gateway d’Enbridge.
Devant les défenseurs du climat, M. Couillard sera accueilli à New York comme un leader. Mais cela pourrait changer à l’avenir. Dans 14 mois, le prochain rendez-vous international sur le climat sera à Paris. D’ici la, M. Couillard devra adopter une position sur les sables bitumineux cohérente avec sa réputation de leader climatique.
Si je vais à New York, c’est pour marcher avec des centaines de milliers d’écologistes venus de partout sur le continent. Ensemble nous demanderons aux dirigeants de la planète d’agir pour le climat. Nous demanderons aussi aux dirigeants canadiens de stopper le développement des sables bitumineux.
Pour vous joindre à nous à New York ou participer à une marche dans votre région, visitez notre site internet.
Découvrez la face cachée d’Énergie Est de Transcanada en vidéo.