Soutenez

Les designers polyglottes ont la cote

Staff - L'édition nouvelles

Le bilinguisme ouvre des portes dans l’industrie de la mode. Le Canadien d’origine Paul Davis, qui opère aujourd’hui sa griffe depuis Berlin, témoigne.

«Qui parmi vous parle français?» Cette question nous a été posée, d’entrée de jeu, le premier jour de classe. L’accent placé sur le dernier mot témoignait un dédain typiquement parisien, comme si on nous souhaitait la bienvenue tout en nous montrant la porte. Devant la classe, la directrice de l’école, 70 ans bien sonnés, s’est allumé une cigarette et a attendu la réponse.

De la centaine d’élèves dans la salle, seule une poignée a osé lever la main. Puis d’autres ont emboîté le pas, jusqu’à ce qu’un peu plus des trois quarts aient la main en l’air. Le peu de français que je connaissais, je l’avais appris à Montréal. Avant de déménager à Paris, j’avais vécu dans la métropole québécoise pour participer à un programme de design de mode et pour acquérir le plus de rudiments possible de la langue.

À mon arrivée à Montréal, je pouvais à peine commander un café sans faire sourire la jeune fille derrière le comptoir. Pourtant, partout où j’allais, il me semblait que les gens arrivaient à passer d’une langue à l’autre sans effort. J’admirais cette capacité et je souhaitais un jour la posséder.

Les panneaux de circulation, la télévision et la radio, tout est devenu une méthode d’apprentissage. Les journaux gratuits distribués dans le métro ont aussi été particulièrement utiles. Je m’étais fixé pour objectif d’apprendre cinq nouveaux mots par jour. Je cherchais leur signification, je les inscrivais sur ma main et j’essayais de les utiliser dans une conversation pendant la journée.

Ainsi, en ce premier jour de classe à Paris, j’ai levé la main. Pas très haut, j’avoue. Peu importe, c’était un moment charnière.

Dans les mois qui ont suivi, j’ai tout de même compris que ma langue maternelle jouerait un rôle tout aussi crucial. L’école que je fréquentais était réputée pour les relations qu’elle entretenait dans l’industrie de la mode. Toutes les principales maisons de couture de la France s’adressaient en premier à elle pour recruter des stagiaires, offrir des emplois à court terme ou chercher de l’aide pour les défilés de mode et les salons de présentation. Tout jeune créateur de mode rêve de ce genre de relations. Et pour en profiter, il fallait absolument parler anglais. «Parlez-vous couramment l’anglais?», demandait-on.

En tant que Canadiens, nous sommes très chanceux d’avoir à notre portée les deux principales langues de l’industrie de la mode. J’ai souvent constaté à quel point la connaissance des deux langues avait joué un rôle important dans l’accession de Canadiens à des postes importants dans le domaine. Le véritable talent canadien n’est pas encore pleinement reconnu à l’échelle internationale, mais je suis convaincu que la langue pourrait bien être le tremplin qui le fera accéder à cette renommée.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.