Le prix des mots
Jean-Luc Brassard menace de démissionner de son poste de chef de mission aux Jeux d’été de Rio, qui auront lieu au mois d’août prochain – quasiment demain, dans le calendrier olympique –, si le Comité olympique canadien (COC) ne fait pas montre d’encore plus de transparence dans le dossier Marcel Aubut.
Ça nous permet de supposer deux choses :
1. Qu’il reste encore de la poussière subtilement balayée sous l’épaisse moquette du silence dans le dossier de l’auguste Maître.
2. Que Brassard, on le comprendra sans peine, n’a surtout pas envie d’être là pour répondre aux questions quand un nouveau coup de vent viendra soulever d’autres saletés. Ça ne devrait pas tarder, vu l’ultimatum lancé au COC. S’agit seulement de savoir par qui ça va arriver…
Parce que la question, elle est surtout là : qui va avoir envie de monter au front pour livrer le coup fatal? Qui va faire un ultime pas en avant? Qui va se charger d’ouvrir la porte au risque de rester pris avec la poignée dans la main?
On a beau éprouver une réelle admiration pour ceux et celles qui osent parler, n’en demeure pas moins qu’ensuite, on a tendance à les fuir comme la peste. Même quand l’horreur fut pointée avec justesse. «Admiré un jour, grande trappe pour toujours», comme le dit le célèbre proverbe que l’on vient tout juste d’inventer… Autrement dit, les dénonciateurs, on les aime beaucoup, et encore davantage quand on les entend gueuler de loin…
Il est là, le prix des mots pour ceux et celles qui décident de briser le silence. D’un côté, tu enlèves un fardeau sur les épaules du monde qui t’entoure, mais de l’autre, tu constates bien rapidement que tu es le seul à avoir pris une hypothèque sur la suite des choses.
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Parlant de Maître Marcel… l’autre soir, un auditeur de la radio m’a demandé si on allait lui retirer l’Ordre du Canada et l’Ordre national du Québec? Tiens, voilà une question qui se pose fort bien. Quelqu’un a des réponses?
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Un sondage Léger publié dans le Journal de Montréal et Le Devoir d’hier nous indique que, malgré ses mesures d’austérité, le PLQ récolte malgré tout 36 % des intentions de vote au Québec, le PQ 29 % (3 points de recul depuis novembre), la CAQ 21 % et QS ferme la marche avec 10 %. Analyse primaire :le parti présentement au pouvoir à Québec dispose d’une free ride sans précédent. Pas demain la veille que l’arrogance va prendre des vacances à l’Assemblée nationale…
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Vu: la pièce Glengarry Glen Ross, présentée au Rideau-Vert jusqu’au 27 février prochain. J’ai bien aimé. Pas aussi percutante que la mouture proposée par La Manufacture en 1989 avec Gildor Roy, mais pas loin. Principale réserve (et ça n’a rien à voir avec le travail des comédiens) : dans la salle, on a parfois rigolé à des moments particulièrement dramatiques. Serait-ce un problème d’écoute, la vue de vedettes de la tivi «en personne» sur scène, la nervosité des avant-premières? Sais pas, mais ça faisait bizarre…
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Deux victoires des Canadiens en fin de semaine. Pas de quoi se péter la tête au plafond, on s’entend là-dessus, mais tout de même deux parcelles de bonheur qu’on ne refusera pas. Je vais cependant profiter de ces rares moments de calme afin de poser une question : dis, PK, ça ne te tenterait pas de refiler la rondelle à tes amis plutôt que de passer ton temps à te déjouer toi-même? Samedi, en voulant donner une leçon à Connor McDavid des Oilers, tu as eu l’air très fou quand tu t’es enfargé dans tes lacets…